À la Coalition avenir Québec (CAQ), les circonscriptions s'achètent. Les candidats choisis par le parti doivent personnellement investir jusqu'à 25 000$ pour avoir le droit de porter les couleurs du parti de François Legault.

La nouvelle formation politique, affamée de fonds, a élaboré un système complexe pour amasser rapidement un trésor de guerre pour la campagne électorale, a appris La Presse.

«Quand on est un nouveau parti, il faut que tout le monde mette l'épaule à la roue. C'est un peu la contribution des candidats pour affronter les élections», a plaidé Brigitte Legault, directrice générale de la CAQ.

Mais pour d'autres, les plus riches «ont carrément les moyens d'acheter leurs places» à la CAQ. C'est l'avis d'Alain-Michel Ayache, candidat nommé puis limogé par le parti.

Gaétan Arel, un candidat démissionnaire qui n'a jamais voulu signer le contrat, affirme carrément que c'est «pire que du prêt usuraire.»

Transferts de contributions

Pour être nommé candidat, chaque prétendant choisi par la formation politique doit signer un contrat confidentiel fixant un objectif de financement. Il impartit aussi un délai, propre à chacun, pour l'atteindre avec les contributions politiques qu'il sollicitera.

À l'arrivée de cette échéance, le candidat doit lui-même combler le manque à gagner en accordant un «prêt» à la CAQ. Emprunt bancaire, prêt familial ou utilisation de fonds personnels: tous les moyens sont bons pour payer.

Les circonscriptions «coûtent» 25 000$, 15 000$ ou 10 000$, selon les chances d'y être élu. Selon L'actualité, 75 des 125 circonscriptions de la province ont un objectif de financement de 25 000$.

Par la suite, chaque contribution politique obtenue est transformée en chèque de remboursement pour le candidat, et la CAQ y ajoute le taux d'intérêt du marché.

Si une personne est candidate dans une circonscription à 25 000$ et qu'elle réussit à amasser 7000$ pendant le délai imparti, par exemple, elle devra fournir de sa propre proche les 18 000$ manquants. Elle sera ensuite remboursée au fur et à la mesure que les contributions arrivent au parti. Pour être remboursée, il lui faudra recueillir 72 dons de 250$ ou 18 de 1000$, le maximum autorisé.

Légal

Ce système de versements et de remboursements est légal, selon la Coalition, car les chèques que doivent faire les candidats sont des «prêts» et pas des «contributions».

Même si un candidat perd ses élections et que la CAQ lui doit encore une somme d'argent, celui-ci ne se transforme pas en «contribution», a plaidé Brigitte Legault.

«Le remboursement du prêt peut être fait sur dix ans, sur cinq ans, sur trois ans. Avant, après, pendant les élections, a-t-elle donné en exemple. Un candidat peut donner 1000$ par année, sa femme peut donner 1000$, il peut trouver d'autres contributeurs. Donc le candidat peut donner au moins 1000$ par année.»

La directrice générale du Parti soutient aussi que des systèmes un peu semblables à celui-ci existent ailleurs dans le paysage politique.

«Le Parti libéral du Québec, le PQ, Québec solidaire et d'autres, lorsqu'ils vont en campagne, leurs associations locales vont emprunter à des institutions financières. Ce n'est pas différent de ce mode de fonctionnement», a-t-elle soutenu.

«On a huit mois, on n'a pas d'instance autorisée dans toutes les circonscriptions parce que c'était vraiment difficile pour nous organisationnellement parlant et on ne voulait pas fonctionner comme ça.»