Les associations étudiantes qui comptent intervenir dans la campagne électorale se trouvent dans la ligne de mire du Directeur général des élections du Québec (DGEQ).

La loi interdit aux étudiants, comme à tous les groupes de pression, d'engager des dépenses à des fins partisanes durant une campagne électorale, rappelle le DGEQ. Seuls les agents officiels des partis peuvent dépenser - et les sommes sont plafonnées.

Après un printemps marqué par des grèves et des manifestations étudiantes, les associations mobilisent les jeunes pour les inciter à aller voter, a rapporté hier La Presse. Les étudiants comptent «faire sortir le vote» dans une douzaine de circonscriptions remportées par le Parti libéral du Québec par de faibles marges, aux élections de 2008, dont celle de Jean Charest.

La Coalition large de l'Association pour une solidarité syndicale étudiante (CLASSE) prépare aussi une tournée du Québec pour discuter des enjeux sociaux de l'heure.

Les étudiants et les autres «tiers» peuvent «exprimer leurs opinions et participer au débat démocratique» durant une campagne électorale, tant que leurs activités partisanes n'entraînent pas de dépenses, explique Cynthia Gagnon, porte-parole du DGEQ.

Les citoyens peuvent ainsi publier des sites web, des blogues ou des opinions sur Facebook et Twitter, car cela n'entraîne aucune dépense, selon elle. La Loi électorale ne permet cependant pas à un groupe de pression d'imprimer des tracts partisans ou de publier des publicités dans les journaux, par exemple.

La Cour suprême du Canada a validé ce volet de la Loi électorale québécoise, en janvier dernier, en refusant d'entendre un appel de la Fédération des travailleurs du Québec (FTQ). La centrale syndicale avait fait imprimer et distribuer des dépliants contre le parti de Mario Dumont, aux élections de 2003, ce qui constituait une dépense illégale, selon le DGEQ.

Bloquer les riches

Cet aspect de la Loi électorale vise à éviter que de riches groupes de pression puissent monopoliser le débat en périodes d'élections, rappelle-t-elle. Aux États-Unis, par exemple, les partis, candidats et lobbies peuvent dépenser sans limites, à coups de centaines de millions de dollars, pour faire valoir leur point de vue, ce qui favorise les riches dans le débat politique.

Le ministre Jean-Marc Fournier, leader parlementaire du gouvernement, a réagi sans broncher devant les préparatifs électoraux des associations étudiantes.

«La démocratie, c'est pour chacun de choisir pour qui il va voter, a-t-il dit au cours d'un point de presse. L'important, c'est d'aller voter. Que ce soit les étudiants, que ce soit n'importe quel groupe qui soumet que c'est par le choix électoral que l'on donne la légitimité à un gouvernement qui, par la suite, passe des lois que l'on doit respecter, ça me semble très bien. Si on est partis sur un objectif de respecter la loi, je pense qu'on est très bien partis.»