Si le premier ministre Jean Charest déclenche des élections le 1er août comme il aimerait le faire, certains ministres importants de son cabinet qui ont gagné leur siège avec une faible majorité devront se battre bec et ongles pour ne pas être éjectés de l'Assemblée nationale.

> En graphique: des circonscriptions chaudement disputées

Selon les données des dernières élections compilées par La Presse, 13 circonscriptions libérales sont en péril. Parmi ces députés, Jean Charest pourrait perdre certains de ses ministres les plus influents.

Le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation, Pierre Corbeil (Abitibi-Est), le ministre de la Sécurité publique, Robert Dutil (Beauce-Sud), et le ministre des Transports, Pierre Moreau (Châteauguay), ont un siège éjectable, puisqu'ils ont gagné les dernières élections avec moins de 2% de majorité.

Ce n'est pas tout. La ministre des Relations internationales Monique Gagnon-Tremblay (Saint-François), a obtenu son siège avec une majorité de 5% contre son rival du Parti québécois, tandis que la ministre responsable des Aînés, Marguerite Blais (Saint-Henri-Sainte-Anne), a obtenu son siège avec seulement 8% d'avance contre son rival. Plusieurs autres circonscriptions sont également en danger, estime le professeur titulaire en science politique à l'Université de Sherbrooke, Jean-Herman Guay.

«C'est certain, le caucus libéral est divisé. Quand on gagne avec seulement 5% de majorité, ça devient extrêmement problématique. Tout peut se produire et ils ont raison d'être inquiets» de leur avenir politique, a indiqué M. Guay en entrevue à La Presse, lorsqu'on lui a demandé d'analyser à chaud les résultats de nos compilations.

Attention à la CAQ

Bien qu'elle ait perdu des appuis au cours des derniers mois, la nouvelle formation politique de François Legault, la Coalition avenir Québec (CAQ), pourrait causer bien des maux de tête. Il devient difficile, avec un électorat qui est de moins en moins acquis, d'évaluer à ce moment-ci l'impact qu'auront les caquistes sur les résultats finaux.

«François Legault pourrait causer bien des surprises. Il pourrait aller chercher environ 20% de l'électorat, qui est éparpillé on ne sait où. Ça devient extrêmement problématique», croit M. Guay.

Si la CAQ fait des gains, ses députés-vedettes ne sont toutefois pas moins en danger. Éric Caire (La Peltrie) et François Bonnardel (Shefford) ont gagné leur siège avec quelques centaines de votes seulement contre le Parti libéral. Il n'est pas assuré non plus que François Legault gagnera son siège. Le chef de la CAQ se présente dans L'Assomption. L'ancienne circonscription longtemps représentée par Jacques Parizeau est dans le giron du Parti québécois (PQ) depuis 1976 à l'exception d'un épisode libéral entre 1985 à 1989 et un autre adéquiste en 2007-2008.

Tensions dans Mercier

Rien n'est gagné d'avance non plus pour la formation de Pauline Marois. Selon nos données, huit circonscriptions du PQ sont menacées, notamment l'ancienne circonscription du ministre libéral Claude Béchard, mort du cancer, qui a été gagnée à l'arraché par le péquiste André Simard à l'occasion d'une élection partielle en novembre 2010.

Mercier sera également une circonscription à suivre, car Amir Khadir, de Québec solidaire, l'a remporté contre le péquiste Daniel Turp avec seulement 4% de majorité aux dernières élections. Une chaude lutte est aussi à prévoir dans Gouin, où le porte-parole de l'opposition officielle en matière de transports, Nicolas Girard, affrontera de nouveau la co-porte-parole de Québec solidaire, Françoise David.

Quant à Jean-Martin Aussant, qui a gagné ses dernières élections sous la bannière du PQ avec seulement 1% de majorité dans Nicolet-Yamaska, il demandera aux électeurs de continuer à lui faire confiance maintenant qu'il a fondé son propre parti souverainiste, Option nationale.

Dans ce contexte, l'expert en politique québécoise Jean-Herman Guay croit que prévoir le résultat des prochaines élections est presque impossible.

«Dans les années 70, on disait que les campagnes électorales avaient un impact sur 15% de l'électorat. Aujourd'hui, il y a une volatilité incroyable. Près du tiers des électeurs pourraient changer d'idée au cours de la campagne.

«Tout peut arriver.»