«Sexiste», «dinosaure», «politicien malhabile», tels sont les qualificatifs accolés à des tweets en réaction au message du chef de la Coalition avenir Québec (CAQ), François Legault, voulant que les filles attachent moins d'importance au salaire que les garçons. Cette réplique s'inscrivait dans une discussion à laquelle a notamment participé le chroniqueur de La Presse Vincent Marissal.

> En graphique: des circonscriptions chaudement disputées

Le chef caquiste n'en est pas à sa première conversation houleuse sur Twitter. Le 4 juillet, un débat sur le financement des universités entre la présidente de la FEUQ, Martine Desjardins, et lui a occupé la scène pendant deux heures.

M. Legault a expliqué que son discours était tout sauf sexiste. «Certaines personnes ont pensé que je suis sexiste. Ceux qui me connaissent savent très bien que je ne le suis pas.»

M. Legault est actif sur la plateforme de microblogues depuis deux semaines et demie. Il affirme être le seul maître à bord lorsque vient le temps de gazouiller. «La Coalition avenir Québec détient son propre compte. Dans mes déplacements, je twitte à partir de mon iPhone. Le soir, je me sers de mon ordinateur», a expliqué M. Legault.

Inexpérience

Selon Guillaume Brunet, associé chez Substance Stratégies, le feuilleton entourant les tweets de M. Legault démontre son manque d'expérience avec l'outil. «On ne sent pas que M. Legault a de l'aide pour l'appuyer dans sa démarche.»

Il soulève également que la limite de 140 caractères exigée par Twitter fait en sorte qu'il est difficile d'avoir de la profondeur dans ses propos.

Est-ce que cette difficulté pourrait refroidir le premier ministre Jean Charest ou la chef de l'opposition officielle, Pauline Marois, et les faire hésiter à se lancer? «Ça pourrait les inciter à se préparer davantage», croit M. Brunet.

M. Brunet affirme que l'utilisation de Twitter par M. Legault a du positif. «Dans un contexte où on reproche l'usage de la langue de bois, on peut saluer le fait que M. Legault crée un débat et que c'est lui qui est derrière le compte. De plus, il continue la discussion, malgré le fait qu'il s'expose à l'intimidation.»

«Pour la prochaine campagne, on souhaite que les cochefs, Amir Khadir et Françoise David, discutent avec les citoyens. La forme que pourraient prendre ces discussions demeure inconnue pour le moment», dit l'attachée de presse de M. Khadir, Josée Larouche. Une équipe qui s'occupera plus spécialement des réseaux sociaux sera également constituée.

Le Parti vert du Québec et son chef sont actifs sur Twitter. D'ailleurs, le parti songe à mettre en place une soirée Twitter. «La soirée serait ouverte à tous les partis. Reste à voir si les principaux partis, en particulier le PLQ, le PQ et la CAQ, voudront y prendre part », a affirmé M. Sabourin.

Le premier ministre brille par son absence sur Twitter. Le directeur des communications du PLQ, Michel Rochette, ne peut exclure ni confirmer que le premier ministre s'y trouvera au cours de la prochaine campagne. «Être sur Twitter demande beaucoup d'implication. Nous voulons éviter de créer des attentes qui demeurent mal répondues», a indiqué M. Rochette. Il admet par contre que les réseaux sociaux constituent une belle occasion pour créer une proximité que les autres médias n'offrent pas. Le premier ministre est toutefois actif sur Facebook.

Le chef de la CAQ affirme qu'il y aura une stratégie lorsqu'il y aura campagne, bien qu'il indique que, déjà, des messages véhiculés sur Twitter laissent entendre que la campagne est commencée. «L'idée, c'est tout simplement d'avoir un contact avec les citoyens et de leur répondre. Les réseaux sociaux seront là pour rejoindre une clientèle plus jeune, une clientèle difficile à joindre avec les médias traditionnels.»

Tout comme le premier ministre, la chef du PQ n'est pas présente sur Twitter. Son attachée de presse, Marie Barrette, indique que l'ouverture d'un compte Twitter au nom de Mme Marois fait l'objet d'une réflexion. «Nous voulons évaluer ce que ça implique en temps et comme suivi.» Notons que Mme Marois a une page Facebook sur laquelle elle publie des messages relatifs à son parti. Le député de Marie-Victorin, Bernard Drainville croit qu'une partie de la campagne va se jouer sur les réseaux sociaux. «Je pense que pour la première fois, un tweet aura la même valeur qu'un extrait de communiqué, de conférence de presse ou d'une déclaration de scrum.»

À Option nationale, des comités ont été constitués afin d'établir une stratégie. «Un bon débat risque de se créer sur ces plateformes. Un débat qui va seulement s'intensifier au moment du lancement de la campagne», affirme le chef du parti qui gère lui-même ses comptes Twitter et Facebook et qui sera, du coup, davantage présent pendant la campagne.