Son père était couvreur. Son fils travaille dans la construction. Son frère et son neveu aussi. Lise Thériault connaissait déjà de près ce monde d'hommes, l'industrie de la construction, avant d'y abolir le placement syndical, un geste audacieux qui a dopé sa notoriété.

Être une femme, sur le plan de «la perception, ça a certainement aidé» dans la bataille contre la FTQ et l'International, affirme Mme Thériault. Elle est la troisième femme à être ministre du Travail depuis la création du ministère, en 1931. Avant elle, il y a eu la péquiste Diane Lemieux. Mme Thériault a tout de suite pensé à elle pour présider la Commission de la construction et l'aider à tenir tête à la FTQ. Son face-à-face avec Michel Arsenault en commission parlementaire est mémorable. Chez les libéraux, on s'entend pour dire que la femme de 46 ans «a du caractère».

Dix-huit ministres s'étaient succédé depuis le rapport Cliche en 1975 sans oser éliminer le placement syndical, se plaît-elle à rappeler. «Je crois aux syndicats, même si je ne suis pas perçue comme ça. C'est le contrôle et la mainmise que je n'accepte pas.» Malgré les menaces et les perturbations de chantiers, elle n'a «jamais eu peur». «Essayer de m'intimider avec des menaces, ça a l'effet contraire.» Son amie Line Beauchamp l'a épaulée. «On a toujours été là l'une pour l'autre. On va en vacances ensemble.» Mais à Pâques, Line Beauchamp n'est pas partie avec elle au Mexique comme prévu. À cause du conflit étudiant. Sa démission a secoué Lise Thériault. Surtout que c'est la même Line Beauchamp qui l'a recrutée en 2002, quand la circonscription d'Anjou est devenue vacante. Le Parti québécois l'a courtisée lui aussi. Mme Thériault, qui n'a pas fait d'études universitaires, était alors éditrice et copropriétaire du journal d'affaires L'Édition.

Nommée ministre de l'Immigration et des Communautés culturelles en 2005, elle a fait face à toute une tempête les deux années suivantes: les accommodements raisonnables. «Je n'ai jamais hésité à dire ce que je pensais dans ce dossier-là.» À preuve: elle a condamné un accommodement consenti par la SAAQ pour des motifs religieux «parce que ça remet en cause l'égalité hommes-femmes». Or ses collègues allaient plus tard justifier le même accommodement.

Lise Thériault perd son ministère après les élections de 2007. Elle revient au cabinet à la fin de l'année suivante, comme déléguée aux Services sociaux, puis au Travail en 2010.

Un regret? Être à l'origine de la démission d'Yvon Vallières comme président de l'Assemblée nationale, l'an dernier. Au Salon bleu, elle a proféré des menaces envers les députés de l'opposition, mais M. Vallières a passé l'éponge. Le PQ a remis en doute l'impartialité du président, qui a finalement démissionné. «Mon caractère m'a joué un tour...», laisse tomber Lise Thériault.