Pierre Moreau doit en partie sa carrière à... Louise Harel! Il a fait le saut en politique grandement à cause des fusions municipales. Cet avocat représentait des villes opposées à la réforme Harel, déposée en 2000.

Douze ans plus tard, et huit ans après l'épisode des défusions de son gouvernement, le ministre des Transports dresse un constat plutôt sombre de la situation à Montréal. «Avec les villes reconstituées et la division en arrondissements, c'est une expérience qui est encore à examiner. En transport, il y a beaucoup d'intervenants... Montréal pourrait bénéficier d'une plus grande efficacité en matière de fonctionnement», reconnaît-il. Il a déjà annoncé son intention de revoir la gouvernance du réseau routier et des transports en commun. Louise Harel a applaudi! L'homme de 54 ans connaît bien le monde municipal. Son père, Jean-Marie Moreau, a été maire de Verchères pendant une vingtaine d'années, et président durant plus d'une décennie de ce qui est aujourd'hui la Fédération québécoise des municipalités. René Lévesque et Robert Bourassa se sont assis à la table de la cuisine familiale pour tenter, en vain, de le recruter. Le fils a été plus facile à convaincre. Certes, Pierre Moreau a dit non à Jean Charest en 1998. «Mes deux filles étaient encore jeunes», explique M. Moreau, dont la conjointe, Michèle Monast, a été nommée juge à la Cour supérieure en 2000. Il a accepté l'invitation de M. Charest en 2003. Il s'est fait élire sur la Rive-Sud, dans Marguerite-D'Youville, où les électeurs étaient irrités par... les fusions municipales.

Pierre Moreau a dû patienter avant que M. Charest lui ouvre la porte du saint des saints. Il n'avait encore eu aucun portefeuille lorsque la vague adéquiste l'a emporté en 2007. Il est devenu chef de cabinet de Jean-Marc Fournier puis de Jacques Dupuis dans le régime libéral minoritaire. Il a eu sa revanche aux élections de 2008, dans Châteauguay. Jean Charest l'a nommé successivement whip, ministre des Affaires intergouvernementales, puis des Transports. Ce bon communicateur y a remplacé Sam Hamad, dépassé par la crise sur les infrastructures routières. Pierre Moreau a fait sa place lentement, mais sûrement. Au point où son nom circule comme successeur potentiel de Jean Charest à la tête du Parti libéral du Québec. «Pour l'instant, je ne pense pas à ça», lâche-t-il... en s'empressant de réitérer sa loyauté et de dire tout le bien qu'il pense de Jean Charest. Mais notez bien: «pour l'instant».