Dans l'enthousiasme ou par la contrainte, les détaillants devront se conformer à la loi sur la langue d'affichage, a tranché mercredi la ministre responsable de la Charte de la langue française, Christine St-Pierre.

Les plaintes des citoyens s'accumulent et la méthode «douce» a atteint sa limite, a fait valoir la ministre, qui refuse de se laisser distraire par les menaces de contestation judiciaire.

Après avoir fait preuve d'une grande tolérance ces dernières années, l'Office québécois de la langue française (OQLF) a décidé de serrer la vis aux commerçants qui affichent leur marque en anglais sans descriptif en français.

Quelques dizaines de détaillants - d'autres s'ajouteront - ont reçu un avis les enjoignant à se conformer immédiatement aux dispositions de la Charte de la langue française ou à prendre une entente avec l'OQLF.

À défaut d'obtempérer, les entreprises fautives risquent d'écoper d'amendes ou de perdre leur certificat de francisation.

La loi n'oblige pas les entreprises à changer ou à traduire leur nom de commerce, mais la réglementation stipule qu'un descriptif générique en français doit être accolé à la marque. À titre d'exemple, le mot «quincaillerie» devrait être ajouté à la marque Home Depot ou encore «magasin» à Canadian Tire.

Or, la résistance s'organise en coulisses et un recours légal est envisagé. Le Conseil canadien du commerce de détail (CCCD) a obtenu un avis juridique favorable à l'affichage des marques de commerce en anglais seulement.

L'avis juridique avance que l'OQLF interprète mal les articles 25 et 27 du règlement sur la langue du commerce et des affaires.

L'opposition du CCCD est connue depuis longtemps, a répliqué la ministre St-Pierre, convaincue de la solidité des assises juridiques de l'OQLF.

Du reste, l'OQLF «a toute la latitude requise pour aller de l'avant», même si cela implique une nouvelle bataille devant les tribunaux, a-t-elle fait comprendre.