Très discrète, presque timide, elle ne prend pas souvent la parole au caucus des députés péquistes. À l'Assemblée nationale, c'est une autre paire de manches... surtout quand il est question de droits et libertés.

Plus de 75 000 internautes ont visionné sur YouTube son intervention dans le débat sur le projet de loi 78, la loi spéciale déposée par le gouvernement Charest pour encadrer les manifestations étudiantes. Méthodique et calme, comme elle le ferait au tribunal, la jeune avocate a attaqué l'une après l'autre les dispositions du projet de loi dont venaient d'accoucher les experts légistes du gouvernement. Il était 6 h du matin, à la fin d'une nuit de débat au Salon bleu.

«J'étais consternée qu'on puisse voir au Québec une telle atteinte aux droits et libertés», explique Véronique Hivon. Avec cette loi «le gouvernement envoyait le message qu'on ne voulait pas écouter les jeunes, j'ai parlé avec mon coeur», ajoute-t-elle.

Elle avait déjà tâté de la politique - elle a fait ses armes aux cabinets de Serge Ménard et de Linda Goupil à la Justice, après avoir fait ses études de droit à McGill. Candidate en 2007 dans Jean-Talon, elle a mordu la poussière devant Philippe Couillard. L'année suivante, sous Pauline Marois, le PQ lui réserve un point de chute bien plus sûr: Joliette - la circonscription qui avait élu Guy Chevrette pendant 25 ans.

C'est peu connu, mais Véronique Hivon est à l'origine de la commission parlementaire Mourir dans la dignité. En mars dernier, après deux ans de travail, le groupe a accouché d'un rapport unanime, moment rarissime à l'Assemblée nationale. «Il y a énormément de cynisme face à la politique. Or, même dans l'opposition, j'ai déposé la motion qui a permis la création de la commission. Il ne faut pas attendre les tribunaux quand une question concerne tous les citoyens du Québec! Et on nous dit qu'on ne peut rien faire en politique!», lance-t-elle.

Elle se dit de passage à l'Assemblée nationale: «Pendant deux ou trois mandats, c'est important de toujours sentir qu'on fait progresser les choses... Je suis en politique d'abord et avant tout pour la souveraineté. Et aussi parce que l'égalité et la justice sociale sont des enjeux importants», résume-t-elle.