Blâmée deux fois en six mois par le Vérificateur général, la ministre Michelle Courchesne doit remettre sa démission, estime l'opposition.

Pour le chef caquiste François Legault, si le premier ministre Jean Charest la maintient en poste, «c'est comme si on laissait le renard garder le poulailler».

Après l'octroi des places en garderie en 2008, le Vérificateur général a sévèrement critiqué l'attribution de subventions pour la construction d'infrastructures sportives entre 2006 et 2010. Michelle Courchesne était à la tête de la Famille en 2008 et avait le portefeuille de l'Éducation entre 2007 et 2010; elle l'a retrouvé tout récemment.

«Les Québécois sont tannés du seuil de tolérance de Jean Charest à l'égard de la mauvaise gestion. M. Charest doit enfin prendre ses responsabilités et demander la démission de Michelle Courchesne», a affirmé M. Legault en conférence de presse mercredi.

Le Parti québécois réclame lui aussi la tête de Mme Courchesne. «Il y a deux rapports accablants qui dénoncent la gestion de la ministre. Elle est responsable du Conseil du trésor. C'est inconcevable qu'elle puisse demeurer en poste. Quand le premier ministre va-t-il exiger la démission de sa ministre? Comment le premier ministre peut-il cautionner ses explications?», a lancé la chef Pauline Marois.

Michelle Courchesne a vivement réagi aux attaques de l'opposition, parlant d'elle-même à la troisième personne. «La ministre ne démissionnera pas. Ça fait 40 ans qu'elle travaille. Ça fait 30 ans qu'elle travaille sur son honneur, sur son intégrité, sur sa parole donnée. Ça ne changera pas à l'âge que j'ai», a-t-elle lancé sous les applaudissements nourris de ses collègues.

«Je n'accepterai pas qu'on remette en cause mon intégrité. Le Vérificateur général ne met pas en cause mon intégrité», a-t-elle ajouté. Elle a martelé que le VG exige des «correctifs de nature administrative» et que ceux-ci seront apportés.

De son côté, le premier ministre Jean Charest s'est porté à la défense de Mme Courchesne. Il a fait valoir que «près de 50% des projets (d'infrastructures sportives) sont allés dans des comtés de l'opposition». «Il me semble qu'il y a là un fait qui parle par lui-même», a-t-il dit. Quelque 189 millions de dollars en subventions ont atterri dans des circonscriptions de l'opposition, contre 190 millions dans celles représentées par le PLQ.

Dans un rapport déposé la semaine dernière, le Vérificateur général Michel Samson a révélé de graves lacunes dans la gestion du Fonds pour le développement du sport. Le cabinet de Mme Courchesne a choisi lui-même les projets qui seraient analysés par les fonctionnaires.

Ainsi, entre 2006 et 2010, 418 des 918 projets de construction déposés au ministère de l'Éducation ont été rejetés d'emblée par le cabinet politique sans même avoir fait l'objet d'une analyse de la part des fonctionnaires.

Or ces projets «ont trait à des organismes, à des installations et à des travaux similaires à d'autres projets qui ont été subventionnés (...). Ainsi, rien ne motive à notre avis cette absence d'analyse», écrit le Vérificateur général. Selon lui, «c'est sûr qu'il y a une certaine iniquité là-dedans».

Pourquoi les projets se sont retrouvés d'abord au cabinet politique pour une présélection? «Je ne peux pas répondre à cette question-là», avait laissé tomber Michelle Courchesne mardi. «Moi, sincèrement, pour la période que j'ai été là (entre 2007 et 2010), je n'ai eu que les recommandations analysées sur mon bureau, et j'ai approuvé les dossiers qui devaient être approuvés après les analyses», ajoutait-elle, refusant d'expliquer le rôle joué par son personnel politique.

Pour François Legault, Mme Courchesne doit partir en vertu de sa responsabilité ministérielle. «On peut se dire que parfois c'est difficile de savoir ce que les centaines de fonctionnaires font dans un ministère. Mais elle ne peut être capable de dire ce que font les 15-20 personnes qui travaillent dans son cabinet politique? C'est un manque flagrant de bonne gestion», a-t-il dit. «C'est très grave comme situation. C'est la première fois en plus de 10 ans de politique que je vois qu'un cabinet politique choisit des projets, met de côté 400 projets sur 900».