Le Québec compte moins d'assistés sociaux, mais on observe davantage de fraudes. Plus d'argent est par ailleurs versé par erreur. Le nombre d'inspecteurs, quant à lui, reste inchangé.

La Presse a fait une série de demandes au ministère de la Sécurité publique en vertu de la Loi sur l'accès à l'information.

Pour la dernière année où les statistiques sont complètes, 2010-2011, on constate que le gouvernement a réclamé 78 millions versés à des prestataires qui ont fait «de fausses déclarations», une situation qui «survient lorsqu'une personne a volontairement omis de déclarer un renseignement ou a fait une fausse déclaration de manière à obtenir une prestation supérieure à celle à laquelle elle aurait eu droit».

Ces 78 millions représentent un bond spectaculaire par rapport aux quatre années précédentes. De 2006 à 2010, les fraudes représentaient plutôt 69 millions. En 2005, toutefois, on avait atteint le record de 85 millions.

La Direction de la conformité du Ministère dispose de relevés détaillés de ces fraudes. En 2010-2011, 20 244 ont été répertoriés dans l'ensemble du Québec, 3000 de plus que les années précédentes.

On en a compté 6237 dans l'île de Montréal, une diminution par rapport à l'année précédente, toutefois.

La fraude à l'aide sociale a notamment grimpé en Montérégie, de 2200 à 2700 cas, et dans les Laurentides, de 1100 à 1300 cas.

En marge des fraudes, le Ministère sait qu'il verse des chèques en trop, à la suite d'erreurs de bonne foi. La valeur de ces prestations a atteint 34 millions en 2010-2011, 2 millions de plus que lors des années précédentes.

Pas plus d'effectifs

La situation n'a pas poussé Québec à augmenter les effectifs du service, cependant. En 2010-2011, il y avait l'équivalent de 236 enquêteurs à temps plein au Ministère, le même nombre depuis trois ans.

En 2005, quand on avait observé un nombre record de délinquants, on comptait 306 enquêteurs au ministère de Julie Boulet.

Dans l'ensemble, les chiffres de l'aide sociale sont plutôt encourageants. La baisse du nombre d'emplois ne semble pas s'être répercutée encore sur les demandeurs d'aide de dernier recours.

En décembre dernier, 326 000 ménages bénéficiaient de l'aide sociale, ce qui représente une diminution de 6000 par rapport au total de décembre 2010.

Une comparaison des statistiques de décembre 2011 à celles de décembre 2006 montre des déplacements importants en cinq ans.

Si on comptait alors 36 000 bénéficiaires de moins de 25 ans, il y en avait 23 450 en décembre dernier.

Pas moins de 33 % d'entre eux avaient des contraintes temporaires à l'emploi; huit fois sur dix, il s'agit de jeunes filles qui ont un enfant d'âge préscolaire ou sont enceintes.

Le nombre de familles monoparentales s'établit à 36 000, un recul de 10 000 en cinq ans.

Par ailleurs, 70 600 néo-Québécois bénéficiaient de l'aide sociale il y a cinq ans, contre 62 000 actuellement. De ce nombre, 70 % sont prestataires depuis plus de trois ans.

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Les fraudes à l'aide sociale en chiffres

78 millions fraudés à l'aide sociale l'an dernier

20 244 fraudeurs

23 450 prestataires de moins de 25 ans