L'Office québécois de la langue française (OQLF) pourrait bientôt prendre l'initiative d'enquêter au lieu d'attendre les plaintes des citoyens. Même si la loi le lui permet, l'Office utilise «très, très peu» ce pouvoir, avoue son porte-parole, Martin Bergeron.

Les inspecteurs ne peuvent choisir eux-mêmes leurs cibles et ouvrir des dossiers. Ils doivent d'abord avoir un mandat en ce sens du conseil l'Office, ce qu'ils n'ont pas, confirme M. Bergeron. Cela pourrait toutefois changer bientôt.

L'Office a récemment retardé la publication d'études sur la langue de commerce à Montréal. Elle doit les dévoiler ce printemps. Par la suite, un mandat sur la langue de commerce pourrait être donné aux inspecteurs.

L'Office a demandé plus de moyens à la ministre de la Culture, Christine St-Pierre. Aujourd'hui vendredi, elle a annoncé la «création» de 43 postes, qui s'ajoutent aux 26 qui ont été créés l'automne dernier. Mais il s'agit tout de même d'une perte nette.

L'Office a perdu plusieurs employés à cause de la politique d'attrition imposée par le Conseil du Trésor, qui ne remplace qu'un employé sur deux lors des retraites. Il y avait aussi un gel d'embauche depuis l'été dernier. Résultat: à la suite des annonces de la ministre, l'Office comptera 246 employés. Il en avait 251 en 2010-2011. «Pour la célébration, on va y aller doucement», a dit le critique du PQ en matière de langue, Yves-François Blanchet.

En 2010-2011, l'OQLF a reçu 3661 plaintes, soit 1000 de plus que l'année précédente. Le quart de ces plaintes concernaient la langue d'affichage des commerces. En entrevue avec La Presse, la présidente de l'Office, Louise Marchand, a récemment prédit que le nombre de plaintes serait «dépassé largement» cette année. «On en attend plus de 4000», confirme M. Bergeron.

Le nombre de plaintes a augmenté depuis la récente campagne publicitaire de l'Office. Selon nos sources, cela aurait créé des tensions entre Mme Marchand et Mme St-Pierre.

Mais seulement 2% des plaintes portées à l'Office débouchent sur une poursuite. Si l'Office se contente «d'envoyer des messages, des appels téléphoniques et des lettres» sans appliquer de sanctions, cela ne changera pas grand-chose, prévient M. Blanchet. Il souhaite des «poursuites bien senties».

Non à la Charte de Curzi

Cette semaine, l'ex-péquiste Pierre Curzi a présenté un projet de loi pour renforcer la Charte de la langue française (compte rendu et document complet). Mme St-Pierre l'a rapidement rejeté. M. Curzi proposait que l'Office puisse remettre des avis d'infraction au lieu de devoir intenter des poursuites «coûteuses» et «complexes». Cette déjudiciarisation rendrait la protection de la loi plus efficace, a-t-il soutenu.