Même si le gouvernement Charest prétend ne pas avoir décidé du sort de la centrale nucléaire Gentilly-2, il a inscrit 275 millions $ dans le nouveau budget pour sa réfection.

Le PQ l'a relevé à la période des questions ce matin. Le ministre des Ressources naturelles, Clément Gignac, ne semblait même pas au courant. «C'est à la page C-68 du budget», a raillé le leader parlementaire du PQ, Stéphane Bédard.



Questionné à plusieurs reprises, M. Gignac a été incapable de dire à quoi servira l'argent. «Dans ce dossier-là, on n'improvisera pas», s'est-il défendu.



Un peu plus tard, il a expliqué que l'argent représentait une «provision» pour un «investissement». Il n'a pas précisé quel était cet investissement. On sait seulement qu'il pourrait ne pas être fait en 2012, si le gouvernement choisit de fermer la centrale.  



Le ministre répète que le gouvernement attend la fin de la réfection de la centrale jumelle Pointe-Lepreau, au Nouveau-Brunswick, avant de choisir s'il fermera ou remettra à jour Gentilly-2. La seule centrale nucléaire québécoise atteindra sa fin de vie à l'été 2013. La Commission canadienne de la sûreté nucléaire (CCSN) a demandé à Hydro-Québec de placer le réacteur en état d'arrêt d'ici la fin 2012. Le coût de la réfection est estimé à un peu plus de 2 milliards $.



Le gouvernement Charest dit vouloir apprendre des possibles dépassements de coûts au Nouveau-Bruswick avant de décider. La réfection y coûte déjà 50% de plus que prévu. Il y a aussi des retards de trois ans. Ce qui fait dire entre autres à la Fondation Suzuki que la réfection de Gentilly sera un «gouffre financier».



Avant de trancher, le ministre Gignac doit aussi consulter deux rapports. Le premier, de la CCSN, réévaluera les risques des centrales nucléaires à la suite de la catastrophe à Fukushima l'année dernière. Il doit être déposé au printemps. Le second, d'Hydro-Québec, exposera les coûts et les autres enjeux de la réfection.



Mais à en juger par le budget, la décision est déjà prise, a dénoncé Bernard Drainville, porte-parole du PQ en matière d'Affaires intergouvernementales. « 275 millions $, c'est plus que la hausse des frais de scolarité », a-t-il tonné.



Plus tôt cet hiver, le gouvernement Charest assurait en Mauricie qu'il avait un préjugé favorable pour la réfection de Gentilly-2.



Embêté, M. Gignac a accusé le PQ «d'abandonner la région». Il a averti que la Mauricie sanctionnera le PQ aux prochaines élections. «Les gens vont s'en souvenir. D'ailleurs, c'est notre devise au Québec.»



Le PQ propose de fermer la centrale nucléaire et de compenser avec un plan de relance économique de 200 millions $. Québec solidaire et Optionnationale sont aussi pour la fermeture. La Coalition avenir Québec n'a pas encore pris position.