Les milliers d'étudiants en grève ne doivent pas s'attendre à ce que le gouvernement Charest cède à leurs attentes et revienne en arrière sur sa décision de hausser les droits de scolarité, dans le budget que dépose aujourd'hui le ministre des Finances, Raymond Bachand.

Pour son troisième discours, M. Bachand n'a toujours pas acheté de nouvelles chaussures: après avoir ciré puis fait réparer les siennes, il s'est contenté de nouveaux lacets cette fois. L'an prochain, avec le retour à l'équilibre budgétaire, il promet de s'en procurer des neuves, a-t-il blagué lors de la traditionnelle prise de photo, à la veille du budget.

«Les étudiants ne seront sûrement pas satisfaits. C'est un débat qui existe depuis 10 ans. On en a discuté avant le budget de 2010, il y a eu un an de débat et on a pris des décisions dans le budget de l'an dernier. Le gouvernement a décidé, c'est notre rôle de décider», tranche-t-il.

Il ne s'engage pas à faire plaisir aux contribuables: il n'y aura pas de hausses de taxes, mais pas de baisses non plus. Des hausses importantes ont eu lieu l'an dernier. Mais un document établira que dans l'ensemble, les contribuables ont davantage d'argent dans leurs poches qu'en 2003, assure M. Bachand. Le document inclura toutefois les baisses de l'impôt fédéral. Le précédent budget contenait beaucoup de hausses de taxes qui s'appliquent cette année. Pour celui d'aujourd'hui, «on a moins de recettes qu'on ne le prévoyait l'an dernier, alors la situation est difficile», résume-t-il.

Celui qui s'est déjà décrit comme «le ministre du bonheur» reste bien vague quand on lui demande si les contribuables souriront aujourd'hui. «Ils seront heureux parce qu'on bâtit une économie forte», dit-il, sibyllin. Le contribuable «paie assez de taxes et d'impôts», quand on demande de nouveaux services, ce n'est pas à l'ensemble des contribuables d'assumer la facture.

Son budget «n'a pas été réfléchi en fonction d'une échéance électorale», soutient-il, même si ce sera probablement le dernier avant les prochaines élections. On ne s'attend guère à des mesures percutantes dans ce budget. «On resserre les dépenses depuis trois ans, et ça va continuer jusqu'au retour à l'équilibre budgétaire.»