La lenteur des enquêtes anticorruption crée un climat pourri qui risque de dégénérer dans la violence, s'inquiète une conseillère municipale de Saint-Constant, dans une lettre envoyée au ministère des Affaires municipales deux semaines après les perquisitions de l'Unité permanente anticorruption (UPAC) à l'hôtel de ville.

Injures, prises de bec, tapage, conseillers municipaux escortés par la police après les assemblées: la tension est à couper au couteau dans la petite municipalité de la Rive-Sud, où le maire Gilles Pepin fait l'objet d'une enquête de l'UPAC pour abus de confiance.

Lundi dernier, environ 200 citoyens outrés ont bruyamment manifesté pendant la séance du conseil municipal. Les policiers ont expulsé deux opposants de la salle du conseil, à la demande du maire.

«À ce jour, il a suffi de demander aux gens de sortir, sans avoir à intervenir physiquement», résume le constable René Fleury, de la Régie intermunicipale de police de Roussillon.

La grogne populaire

Dans sa lettre, que La Presse a obtenue, la conseillère Ginette Bourget dit carrément craindre pour sa sécurité dans ce climat de grogne populaire. Elle raconte même avoir porté plainte à la police après s'être sentie intimidée par un citoyen furieux à l'épicerie. Au point où elle fait maintenant ses achats dans la ville voisine.

«J'ignore où ça ira, avec toute la violence dont on entend parler, le directeur général de Verchères qui se fait poignarder, etc., il risque de se reproduire la même chose ici», écrit-elle.

Mme Bourget affirme que ses collègues de l'équipe Pepin et elle sont constamment pris à partie par des mécontents, que ce soit à la maison, à l'hôtel de ville, à l'épicerie, au restaurant. Alors que les autorités demeurent muettes, la suspicion alimente un climat malsain, selon elle.

«Nous vivons de l'intimidation continuelle, autant dans notre vie publique que privée», se plaint-elle.

Jointe par La Presse, elle déplore que les enquêteurs ne concluent pas leurs travaux plus vite, afin de désamorcer la crise.

«Je ne suis pas contre l'enquête, au contraire, je demande que l'enquête soit accélérée. Je somme l'UPAC de rendre la conclusion de son enquête le plus vite possible, parce que, pour le moment, on laisse nos opposants dire n'importe quoi», dit-elle.

La conseillère est aussi mécontente de voir les élus de sa ville «abandonnés» par le Ministère et l'Union des municipalités au moment où leurs opposants feraient circuler de graves allégations à leur endroit. «Nous avons besoin de protection», insiste-t-elle.

Selon nos sources, les policiers de l'escouade Marteau travaillent d'arrache-pied sur le dossier de Saint-Constant, mais ils ont encore plusieurs personnes à rencontrer et des documents à analyser avant de pouvoir établir le bien-fondé des plaintes, notamment au sujet de possibles malversations électorales.