Le premier ministre du Québec, Jean Charest, ne s'émeut pas outre mesure de l'impact sur les négociations de libre-échange en cours entre le Canada et l'Europe des menaces protectionnistes brandies il y a quelques jours par le président français Nicolas Sarkozy

«Ce que nous visons, c'est l'ouverture des marchés et la réciprocité, et je pense que c'est aussi ce que veulent les Européens, incluant les Français», a déclaré hier M. Charest, en entamant un voyage de trois jours à Paris.

Il est vrai, dit-il, que la crise financière et économique des dernières années «a eu pour effet de raviver des réflexes protectionnistes un peu partout sur la planète». Mais ce mouvement ne saurait selon lui compromettre la conclusion projetée de l'Accord économique et commercial global Canada-Europe.

«Ce qui est bon pour nous sera bon pour les Européens également», a relevé M. Charest, en soulignant que l'accès aux marchés publics serait concerné par le principe de réciprocité.

«C'est intéressant pour nous parce que du côté de l'Europe, c'est un marché de 500 millions d'habitants. C'est le marché le plus riche au monde», a relevé le premier ministre.

Lors d'un discours tenu en banlieue parisienne dimanche devant des dizaines de milliers de partisans, le président français a déclaré que l'Europe devait exiger que les grands partenaires commerciaux du continent garantissent l'accès des firmes européennes à leurs marchés publics. Il a souligné que la France pourrait recourir à des mesures de rétorsion de manière unilatérale en l'absence d'avancées à ce sujet d'ici un an.

Forum mondial de la langue française

Le premier ministre a réagi aux propos du chef de l'État français lors d'un point de presse tenu dans la capitale avec le secrétaire général de l'Organisation internationale de la francophonie, Abdou Diouf.

Les deux hommes ont discuté, lors de la rencontre, de la tenue prochaine au Québec du Forum mondial de la langue française, qui permettra selon M. Charest de discuter de l'avenir du français dans un environnement «très différent» de celui des sommets qui réunissent tous les deux ans les chefs d'État de la francophonie.

Le chef du gouvernement québécois a déclaré que la province demeurait un choix approprié pour la tenue d'un tel événement malgré la multiplication de controverses relativement à l'utilisation de l'anglais en milieu de travail.

«Il y aura toujours, au Québec, des débats sur la langue. Il y a une très, très grande vigilance à ce sujet», a relevé M. Charest en assurant que l'usage du français progressait.

«D'après les statistiques que j'ai, le français progresse», a voulu confirmer M. Diouf, qui sera présent à Québec pour la durée du forum, du 2 au 6 juillet.