Le Parti québécois a exprimé des doutes, vendredi, quant à la possibilité d'utiliser l'amiante de manière sécuritaire, réclamant d'urgence une commission parlementaire qui pourra faire la lumière sur cette question.

La porte-parole en matière de mines, Martine Ouellet, a surtout fait référence aux risques d'utilisation dans des pays en développement comme l'Inde, principal marché des exportations québécoises d'amiante.

Mais, lors d'une entrevue, elle a refusé de se prononcer sur la possibilité de son utilisation de manière sécuritaire au Québec.

«Même au Québec, je pense que, justement, avec une commission parlementaire et avec des scientifiques, des gens qui ont fait des analyses pourront venir nous dire justement les expositions, quelles sont les méthodes d'utilisation qui doivent être utilisées, a-t-elle dit. Et lorsqu'on aura l'ensemble de ces informations, on pourra porter un jugement si effectivement c'est réaliste, tant au Québec qu'à l'étranger.»

Mme Ouellet a affirmé que le débat entourant l'utilisation sécuritaire de l'amiante a suscité des inquiétudes chez les péquistes.

«Moi j'ai des doutes, a-t-elle dit. Et c'est pour ça qu'on a besoin d'une commission parlementaire pour pouvoir entendre les différents points de vue.»

La députée est ainsi revenue à la charge avec une demande qui a pourtant déjà été rejetée en mai dernier par le gouvernement, qui ne souhaitait pas entendre d'experts au sujet de l'amiante.

Mme Ouellet a cependant soutenu que le temps presse puisqu'un consortium pourrait compléter prochainement un montage financier afin de relancer une mine d'amiante à Asbestos, dans les Cantons-de-l'Est.

«Ça prend une commission parlementaire de façon urgente», a-t-elle dit.

Le gouvernement du premier ministre Jean Charest s'est déjà engagé à accorder une garantie de prêt de 58 millions $ à un consortium dirigé par la firme Balcorp, qui souhaite exploiter le gisement de Mine Jeffrey.

Mais selon Mme Ouellet, ce soutien financier devrait attendre que les parlementaires se soient prononcés sur les risques liés à l'utilisation de l'amiante chrysotile.

«On ne peut pas se fermer les yeux», a-t-elle dit.

Le porte-parole de Mine Jeffrey, Guy Versailles, n'a pas donné de détails sur l'avancement du montage financier du consortium Balcorp.

Le dossier de l'amiante est très délicat pour les partis politiques au Québec, où se concentre cette industrie.

En avril dernier, durant la dernière campagne électorale, l'ex-chef bloquiste Gilles Duceppe avait été la cible de critiques de la part des conservateurs, après avoir déclaré qu'il fallait un débat à ce sujet.

Après avoir ainsi appuyé la requête du PQ, M. Duceppe avait par la suite dû rectifier le tir en affirmant que ce débat en commission parlementaire devait servir à démontrer le caractère sécuritaire de l'amiante.

Le député de Québec solidaire Amir Khadir, qui a déjà proposé un projet de loi visant à cesser l'exportation d'amiante, croit que le gouvernement doit passer à l'action et tenir cette commission parlementaire.

«Il faut qu'il y ait un plan pour en sortir à échéance, ça peut être trois ans, ça peut être cinq ans, pour assurer la reconversion», a-t-il dit.

M. Kahdir a exprimé le souhait que le PQ se rende aux mêmes constats que son parti dans ce dossier.

«J'espère qu'ils nous accompagnent là-dedans et qu'ils arrêtent de tergiverser», a-t-il dit.