L'arrivée de Mario Bertrand dans l'équipe de François Legault constitue une très grosse prise pour la Coalition avenir Québec, estime le sénateur Jean-Claude Rivest, qui a été pendant des années le bras droit de Robert Bourassa. MM. Rivest et Bertrand se sont côtoyés pendant plusieurs années à titre de principaux conseillers de l'ancien premier ministre du Québec.

«Je trouve cela très bon. J'ai de la sympathie pour la démarche de Legault et c'est bon qu'un gars comme Mario mette son intelligence au service de la vie publique. C'est très positif», affirme d'emblée M. Rivest. Pour lui, les positions de Legault et Bertrand sont tout à fait compatibles.

La CAQ «a sa place sur l'échiquier et c'est une bonne chose pour les affaires publiques. Il faut faire avancer le débat sur les questions de l'éducation et de la santé», selon M. Rivest, qui n'entend toutefois pas se joindre à la coalition. «Je suis né libéral et je vais mourir libéral, résume-t-il. J'ai hâte de voir les discussions entre Rebello et Mario, cela va être intéressant!», ajoute-t-il avec ironie.

Mario Bertrand s'était beaucoup investi auprès de M. Bourassa. «Il lui a rendu d'éminents services. Mais ce n'était pas un partisan libéral et on ne peut pas voir ça comme une défection du PLQ», a conclu M. Rivest.

Dans les officines libérales, le choix de Mario Bertrand a eu l'effet d'un coup de tonnerre. Ce qui n'a pas empêché l'un d'eux de dire avec humour que «si Rebello ne sait pas ce que c'est que d'avoir un boss, il va l'apprendre».

Lors de son entrevue à La Presse, M. Bertrand avait qualifié d'erreur de parcours la sortie de l'ex-député péquiste, qui soutenait que la CAQ aiderait le Québec à devenir souverain. Il avait alors promis que ce genre d'intervention serait mieux «cadré» à l'avenir.

Hier, le premier ministre Charest n'a pas voulu commenter la décision de Mario Bertrand. Après avoir déjà décrit la CAQ comme un rassemblement de séparatistes et de gauchistes, il a affirmé que «ce qui se passe à l'extérieur de nos rangs, on ne contrôle pas cela». «M. Bertrand a quitté le Parti libéral il y a plusieurs années, avant que j'arrive. Cela ne change pas le fait que la CAQ est une organisation noyautée par des souverainistes», a soutenu M. Charest. Pour leur part, les ministres libéraux minimisaient l'importance de la décision de M. Bertrand.

Pour Raymond Bachand, titulaire des Finances, cette décision s'explique d'abord par les liens qu'a établis M. Bertrand avec le cofondateur de la CAQ, l'homme d'affaires Charles Sirois, qui a été son employeur pendant une dizaine d'années, une collaboration qui s'est terminée il y a six ans.

Pour son collègue aux Affaires intergouvernementales canadiennes, Yvon Vallières, cette décision est attribuable à la mouvance, à la volatilité qui caractérise actuellement la scène politique québécoise. Pour lui, cette adhésion démontre qu'il est encore difficile de tirer des conclusions sur ce nouveau parti quant à sa position sur la question nationale.