Inquiet de l'augmentation soutenue des pertes d'emplois depuis trois mois, le gouvernement Charest va réactiver trois comités de «vigilance» qui avaient été mis sur pied au moment de la crise financière de 2008.

«Nous sommes inquiets, préoccupés, je ne veux pas minimiser cela» a soutenu jeudi M. Charest à l'issue de la réunion hebdomadaire du Conseil des ministres. Au cours des trois dernières années, le Québec s'en est mieux sorti que l'ensemble des autres provinces. Au cours des trois derniers mois toutefois, les chiffres du chômage affichent une augmentation préoccupante.

«Les trois derniers mois n'ont pas été bons, les trois dernières années ont été bonnes», tranche le premier ministre. Depuis juin 2011, le Québec a perdu 80 000 emplois. Le taux de chômage est désormais de 8,7% au Québec, un point de plus qu'en Ontario.

Les chiffres de l'emploi sont alarmants, «alors que tous les autres indices sont favorables», dit M. Charest, insistant sur le fait que l'économie sera la grande priorité du gouvernement pour la prochaine année. Les trois comités seront le Groupe des décideurs financiers, le Conseil des partenaires économiques et la Commission des partenaires du marché du travail. Ils aideront Québec à «poser les bons diagnostics et adopter les bonnes mesures» pour traverser la période difficile.

En 2011, il s'est créé 38 500 emplois de plus que l'année précédente et le taux de chômage moyen a été de 7,8%, comparativement à 8% en 2010.

Déprime économique

Les chiffres de Statistique Canada sont moins optimistes. En décembre, le Québec s'est distingué du reste du Canada par la perte de 25 700 emplois, poussant l'hémorragie à 51 000 par rapport au début de l'année. Le Québec a été la seule province canadienne à finir l'année avec moins d'emplois qu'en janvier 2011.

D'un océan à l'autre, le nombre d'emplois a augmenté de 17 500, après deux reculs mensuels d'affilée. Cela n'a toutefois pas suffi à contenir le taux des demandeurs d'emploi, qui augmente d'un dixième à 7,5%. Tous les nouveaux emplois sont à temps partiel et se retrouvent dans la catégorie précaire des travailleurs autonomes.

C'est néanmoins moins mauvais que les résultats du Québec, dont le taux de chômage, à la fin de 2011, a bondi de sept dixièmes à 8,7%. C'est 1,2 point de plus qu'un an plus tôt. Il se situe maintenant à un point de pourcentage plus élevé que celui de l'Ontario, qui s'est enrichi de 91 300 emplois,

de janvier à décembre.

En début d'année, le taux de chômage québécois était inférieur à celui de sa voisine. La perte d'emplois de décembre au Québec s'ajoute aux 30 500 postes supprimés en novembre. Il s'agit de la pire séquence à ce jour. Si on ajoute à cela le recul d'octobre, on arrive à une saignée de 69 500 postes au quatrième trimestre, et de 80 000 postes depuis juin 2011.