Le premier ministre Jean Charest s'est défendu, lundi, d'avoir donné l'apparence de favoriser le conglomérat Quebecor, concernant le projet d'amphithéâtre de Québec.

M. Charest a déclaré qu'il n'avait fait que son travail en rencontrant le président et chef de la direction de l'entreprise, Pierre Karl Péladeau, et le maire de Québec, Régis Labeaume, en mai 2010, concernant ce dossier.

«On est élu et on doit être accessible et être disponible pour écouter les gens, a-t-il dit. Le revers de la médaille, c'est pas non plus de tomber dans le monde de l'absurde où on s'isole complètement des gens qui présentent des projets.»

Dans un rapport déposé en décembre dernier, le commissaire au lobbyisme, François Casgrain, a constaté que Quebecor avait manqué à ses obligations en tardant à s'inscrire au registre des lobbyistes à propos de cette rencontre.

Ce rendez-vous entre MM. Charest, Labeaume et Péladeau est survenu quatre mois avant que le gouvernement annonce officiellement qu'il s'engageait, en septembre 2010, à financer la moitié de la construction de l'édifice, dont le coût est estimé à 400 millions $.

Un ancien directeur général de la Ville de Québec, Denis De Belleval, a observé que le rapport de M. Casgrain démontre que les dés étaient pipés d'avance concernant l'octroi du contrat de gestion de l'édifice à Quebecor.

Lors d'un point de presse dans le cadre d'une mission d'affaires visant à promouvoir le Plan Nord, M. Charest a repoussé ces accusations.

«Je ne crois pas ça», a-t-il dit.

Le premier ministre a assuré qu'il aurait été disposé à faire de même avec d'autres entreprises intéressées par le contrat, comme Bell et Evenko, qui ont déposé une offre conjointe en février 2011, soit quelques jours avant que MM. Labeaume et Péladeau annoncent une entente.

M. Labeaume, qui participe à la mission avec M. Charest, a pour sa part soutenu qu'il n'avait «rien à répondre» au rapport du commissaire au lobbyisme, bien qu'il se soit engagé à le commenter au retour du congé des Fêtes.

«On a fait notre travail, a-t-il dit. S'il a à parler à d'autre monde qui devaient s'inscrire, c'est tout. On peut lui donner les clefs de la Ville aussi s'il veut, ça ne me dérange pas, ça va me faire plaisir.»

Le processus d'octroi du contrat a soulevé la controverse et a forcé M. Labeaume à appeler l'Assemblée nationale à l'aide afin que les députés votent une loi proclamant sa légalité, en septembre dernier.

M. De Belleval conteste la légalité de l'entente de gestion ainsi que la constitutionnalité de la loi adoptée.

La deuxième journée de la mission d'affaires dirigée par MM. Charest et Labeaume a mené les participants dans les installations de Chantiers Chibougamau, une entreprise de transformation du bois très intéressée à offrir ses produits pour la construction du toit de l'amphithéâtre de Québec.

M. Labeaume s'est montré ouvert à l'idée de recourir aux immenses poutres composées de lamelles de bois collées, tout en exprimant des craintes quant aux coûts.

Le travail visant à établir les plans et les spécifications de l'édifice doit encore être complété avant d'en savoir plus, a indiqué le maire, aux côtés de M. Charest.

«Il y a des producteurs de bois au Québec, il y a des producteurs de poutrelles d'acier, et il n'y a pas de doute qu'on aimerait ça inclure du bois, a-t-il dit. Maintenant, il ne faut pas que ça dépasse un sou du 400 millions $.»

M. Charest a souligné la qualité du bois de charpente de Chantiers Chibougamau, mais il a du même souffle dû se défendre d'avoir retiré le financement gouvernemental à la Coalition Bois, un organisme destiné à favoriser l'utilisation du bois.

«Les gens qui sont dans le secteur du bois, généralement, se défendent très bien quand il s'agit de représenter leur industrie et pour pouvoir le financer aussi», a-t-il dit.

Les représentants de 25 entreprises participant à la mission ont amorcé leur journée à Oujé-Bougoumou, une communauté crie de 700 habitants, près de Chibougamau, où des entrepreneurs souhaitent développer leurs activités.

La communauté d'Oujé-Bougoumou projette de construire une petite centrale électrique, afin de vendre de l'électricité à Hydro-Québec. Les Cris veulent aussi ajouter une cinquantaine de maisons au village.

En concluant cette deuxième journée de promotion du Plan Nord, son projet phare, M. Charest a affirmé que cette mission ne servait pas de prélude électoral.

«Je ne prévois pas de campagne électorale, nous disposons encore de deux ans pour accomplir notre mandat», a-t-il dit.