«Il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'idée!»

C'est ce que réplique Me Jean Allaire, fondateur de l'Action démocratique du Québec, quand on lui rappelle que François Legault, ancien ministre péquiste, a vigoureusement combattu dans le passé les prises de position du parti de Mario Dumont. Lorsqu'il était ministre de la Santé sous Bernard Landry, M. Legault avait soutenu que l'entrée du privé en santé risquerait d'inciter de jeunes couples à s'endetter pour la vie afin de faire opérer rapidement un enfant.

«Ce n'est pas le genre de société qu'on veut», avait soutenu celui qui, désormais, est ouvert à un «projet-pilote» pour vérifier la faisabilité de la mixité privé-public en santé. «Si M. Legault est assez intelligent pour changer d'idée... bravo! Le médecin opère des patients au privé, libère des places sur la liste d'attente du secteur public», résume Me Allaire.

Son rapport au Parti libéral - le rapport Allaire -, il y a 20 ans, avait réclamé le rapatriement d'Ottawa d'une longue liste de compétences. «Il ne faut pas devenir fou avec ça!», dit-il aujourd'hui. Selon lui, il faut commencer «à exercer comme du monde les pouvoirs que nous avons, il faut solidifier la maison avant de réclamer d'autres compétences».

Devant le peu d'appétit de Robert Bourassa pour ses revendications, Me Allaire avait claqué la porte du PLQ, en 1992, entraînant avec lui le jeune Mario Dumont. Les deux allaient jeter les bases de l'ADQ au printemps 1994.

Les opposants à la fusion

Par ailleurs, Jean Allaire ne s'inquiète pas outre mesure de l'opposition à la fusion qu'expriment certains membres de l'ADQ, très actifs sur les réseaux sociaux. «Quand vous faites le décompte, on parle de 25 ou 30 personnes, dont la moitié n'est pas membre du parti», observe-t-il.

Il souscrit à l'avis juridique obtenu par l'ADQ; pas question de distribuer la liste des membres au groupe qui s'oppose à la fusion. «Ce sont des renseignements nominatifs qu'on n'a pas le droit de diffuser», résume-t-il.

«Les partis, c'est comme la vie, il n'y a rien de permanent. Ceux qui pensent qu'on fait de la politique comme il y a 20 ans se trompent...», affirme l'ancien patron du contentieux de la Ville de Laval.

Sa longue expérience politique lui a montré que les chefs de parti «choisissent ceux qu'ils veulent», laisse-t-il tomber quand on lui demande s'il déplore l'absence d'assemblées pour le choix des candidats de la Coalition avenir Québec, car M. Legault désignera lui-même les candidats. En 1994, aux premières élections auxquelles a participé l'ADQ, le parti n'a pas tenu beaucoup d'assemblées d'investiture, rappelle-t-il.

«L'autre groupe [la CAQ] pense comme nous à 80%. Je suis surtout inquiet de voir qu'au Québec, on n'a jamais été aussi fracturés, balkanisés que dans le moment. L'ADQ n'allait pas très bien... Il faut rassembler ceux qui veulent du changement», lance-t-il. La dette, l'équité intergénérationnelle, l'autonomie du Québec sont des points de convergence entre l'ADQ et la CAQ.