Un gouvernement dirigé par François Legault reverrait le rôle joué par l'État dans l'économie.

Difficile de dire si cela se traduirait par un gouvernement plus ou moins interventionniste que le gouvernement actuel, mais chose certaine son approche serait différente et plus centralisée.

En entrevue à La Presse Canadienne, mardi, le chef de la Coalition avenir Québec a parlé longuement de sa volonté de centraliser tous les pouvoirs à Investissement Québec, en matière de développement économique, s'il devient premier ministre.

La société d'État, dont le mandat serait complètement revu, deviendrait alors le pivot gouvernemental, un guichet unique chargé de soutenir financièrement le démarrage d'entreprises et aussi d'attirer des entreprises étrangères.

Capital de risque, capital de démarrage, garanties de prêts, crédits d'impôts, participation de la Caisse de dépôt, tout passerait désormais par Investissement Québec.

«Il faut complètement revoir le rôle d'Investissement Québec», plaide M. Legault, qui se montre inquiet de l'éparpillement, à travers toute la machine gouvernementale, des programmes et incitatifs fiscaux destinés aux entrepreneurs.

Dans un souci de mieux coordonner le soutien de l'État et simplifier la vie aux entrepreneurs, il voudrait qu'Investissement Québec se présente devant les investisseurs étrangers intéressés par le Québec en leur offrant un «forfait» global.

Ce forfait, sous la gouverne d'Investissement Québec, inclurait «l'intervention de la Caisse de dépôt, l'intervention en crédits d'impôts du ministère des Finances, l'intervention en termes d'aide à la formation de la main-d'oeuvre, donc des différents joueurs» impliqués, explique M. Legault.

À ses yeux, l'indépendance de la Caisse ne serait pas menacée pour autant. Son mandat serait aussi modifié de manière à mieux soutenir l'économie du Québec, un objectif qu'a toujours défendu ardemment l'ex-ministre péquiste.

L'important, dit-il, consiste à s'assurer qu'il n'y ait pas «d'intervention politique dans les dossiers».

Le rôle du ministère du Développement économique (MDEIE) serait revu et marginalisé, tandis que les Fonds d'investissement économique régionaux (FIER) seraient remis en question, voire menacés de disparaître.

«Les FIER, ce n'était pas une bonne idée», tranche M. Legault, qui juge qu'ils ont mal joué leur rôle. Le fait que le tiers des fonds provenaient du privé rendait les entrepreneurs pressés d'obtenir du rendement. Or, «c'est pas ça du capital de risque», selon lui.

Durant ses 100 premiers jours d'exercice, un gouvernement Legault reverrait aussi la façon de distribuer les 4 milliards $ de crédits d'impôts et autres incitatifs fiscaux destinés aux entreprises, dans une optique de réduction de leur fardeau fiscal. Le tout serait évidemment géré par Investissement Québec.

M. Legault entend donc faire un grand ménage, qui est bien nécessaire selon lui, car «actuellement, c'est tout le monde et personne qui s'occupe des entrepreneurs et du développement économique», au gouvernement du Québec.

Il promet aussi une réponse plus rapide d'Investissement Québec aux entrepreneurs et investisseurs en attente d'une aide financière.

«On a besoin d'un certain interventionnisme, mais pas un certain interventionnisme comme on l'entend habituellement», dit M. Legault, qui n'est pas du tout partisan de retirer l'État de l'économie.

Les Centres locaux de développement (CLD) seraient aussi mis à contribution, sur le terrain, pour faire le pont entre les entrepreneurs en régions et Investissement Québec.

Le chef caquiste, qui dit vouloir bâtir une «économie de propriétaires», se montre très dur envers le gouvernement Charest, qui a laissé l'économie se détériorer, à son avis.

Il y a 30 ans, l'écart de richesse du Québec avec le reste du Canada était de 20 pour cent. Aujourd'hui, il est de 23 pour cent, calcule-t-il, en disant que les prévisions des économistes évoquent pour le Québec «une des pires croissances au Canada», pour 2011, 2012 et 2013.

Il déplore aussi que le Québec ait perdu 16 sièges sociaux «importants au Québec en huit ans».