Les mea culpa ne sont pas la marque de commerce du premier ministre Jean Charest, toujours prêt à défendre les décisions prises par son gouvernement au cours de la dernière session, même les plus controversées.

Au terme de la session parlementaire, vendredi, M. Charest n'a pas fait exception: il a repoussé du revers de la main toutes les critiques. Il s'est dit en grande forme, heureux et disposé à obtenir un quatrième mandat de la population, n'excluant pas le déclenchement d'élections générales dès 2012.

Chose certaine, dans un contexte d'incertitude économique et financière sur la scène internationale, l'année 2012 en sera une où les dossiers de nature économique, comme le Plan Nord et la conclusion de l'Accord Canada-Union-Européenne, occuperont le devant de la scène, a commenté le premier ministre en conférence de presse, en traçant le bilan de ses réalisations des derniers mois.

Faisant fi des critiques, M. Charest ne regrette pas un instant d'avoir attendu deux ans avant de déclencher, de guerre lasse et sous les pressions de toutes parts, une commission d'enquête publique sur l'industrie de la construction. Il estime au contraire avoir procédé correctement, en privilégiant les enquêtes policières.

«Nous avons agi en fonction de ce qui était le plus efficace pour régler le problème» de la collusion et la corruption dans cette industrie, a justifié le premier ministre.

Mme Courchesne

Même constat pour le dossier de l'attribution de 18 000 places en garderies, qui a fait l'objet d'un blâme sévère du Vérificateur général dans un rapport rendu public récemment.

M. Charest estime que son gouvernement n'a rien à se reprocher, même si le vérificateur a conclu que le processus avait été bâclé et soumis à l'arbitraire de la ministre responsable, Michelle Courchesne, qui, dans bien des cas, est allée à l'encontre des recommandations de ses fonctionnaires au moment de choisir les promoteurs de garderies.

«Le gouvernement n'a pas attendu le rapport du vérificateur général pour changer ce qui devait être changé et amélioré», a soutenu M. Charest vendredi.

Dans une optique de saine gestion des fonds publics, il a dit qu'il ne voyait pas de contradiction dans le fait que la ministre Courchesne ait été blâmée par le vérificateur et qu'elle continue d'occuper le poste de présidente du Conseil du trésor, donc en charge de l'ensemble des dépenses gouvernementales.

«Je peux vous redire à quel point elle est compétente», a dit M. Charest, renouvelant toute sa confiance envers celle dont la tête a été réclamée, semaine après semaine, par l'opposition péquiste et l'Action démocratique, qui ont crié au scandale, traçant un lien entre l'ingérence politique de la ministre dans le dossier et le grand nombre de places attribuées à des organisateurs et donateurs du Parti libéral du Québec.

Or, il n'y a «jamais, jamais, jamais» eu de favoritisme partisan dans l'attribution des places en garderie, a assuré M. Charest.

Vivement François Legault!

Il a noté par ailleurs que le climat à l'Assemblée nationale s'était amélioré par rapport à l'année précédente, alors que les invectives fusaient des deux côtés de la Chambre.

Signe que les choses vont mieux au parlement, dans une ambiance moins acrimonieuse, il a apprécié le fait que plusieurs projets de loi ont été adoptés à l'unanimité.

À propos du chef de la Coalition avenir Québec, François Legault, il a souhaité en découdre avec lui «le plus rapidement possible» à l'Assemblée nationale.

Quant à lui, M. Charest compte bien y rester encore longtemps, malgré un troisième mandat qui entre dans sa quatrième année.

«J'y serai lors de la prochaine élection générale au Québec», a-t-il dit, cherchant à faire taire toutes les rumeurs de départ. Aux sceptiques, il a lancé à la blague: «Je prépare ma propre succession par moi-même».

L'année 2012 pourrait en être une électorale et il y a fort à parier que l'enjeu en sera l'économie. Il s'est plu à rappeler que le parti qu'il dirige est «le seul parti» à faire de l'économie sa priorité.

La prochaine session parlementaire débutera le 14 février. M. Charest sera alors de retour de Davos, en Suisse, où il aura assisté, comme pratiquement chaque année, au Forum économique mondial.