L'ex-directeur de la Ville de Québec Denis De Belleval a accusé jeudi la députée péquiste Agnès Maltais de mentir lorsqu'elle affirme que toutes les municipalités pourront faire ce qui a déjà été permis au maire Régis Labeaume pour son nouvel amphithéâtre.

M. De Belleval a soutenu jeudi que la nouvelle loi 30, adoptée mercredi, établit des paramètres beaucoup plus restrictifs que ceux utilisés par M. Labeaume, qui n'a pas eu recours au processus d'appel d'offres.

Mme Maltais a porté le controversé projet de loi 204, qui a proclamé, en septembre, la légalité d'une entente sur la gestion de l'amphithéâtre de Québec conclue avec le conglomérat Quebecor.

Lors du débat sur l'adoption de la loi 30, en Chambre mercredi, Mme Maltais a soutenu que «dorénavant, toutes les municipalités pourront faire ce qui a été permis à la Ville de Québec».

M. De Belleval a qualifié ces propos de mensongers, soutenant que la loi 30, qui visait à remédier à la situation soulevée par l'entente avec Quebecor, ne permet pas de recourir au procédé utilisé par M. Labeaume.

«Mme Maltais, à force de répandre un mensonge, elle pense que ça va devenir une réalité, a-t-il dit. (...) Elle ment pour essayer de se couvrir. Elle essaie de faire croire aux gens qui n'ont pas lu la loi 30 que tout le monde peut faire la même chose que le maire Labeaume.»

Lors d'une entrevue jeudi, Mme Maltais, qui représente la circonscription de Taschereau, à Québec, a nuancé sa position.

«Les municipalités pourront faire la même chose, mais il a raison, dans un processus plus resserré, plus rigoureux, a-t-elle dit. Alors nous disons la même chose.»

Mme Maltais a soutenu que le ministre des Affaires municipales, Laurent Lessard, est aussi de son avis, et elle a soumis une citation issue des débats en commission parlementaire, sur le projet de loi 30, pour le démontrer.

«Ce qui est bon pour Québec est bon pour le Québec, a dit M. Lessard, le 25 octobre. Alors, là, comment ça se traduit pour la gestion de certains équipements.»

Le cabinet de M. Lessard a refusé, jeudi, de se prononcer sur l'interprétation de Mme Maltais. Mais l'attachée de presse Julie Boivin a répété la première phrase de la citation soumise par la députée péquiste.

La loi 30 oblige notamment les municipalités à recourir au processus d'appel d'offres avant d'entamer des négociations avec les soumissionnaires en vue d'en arriver à un accord final, pour la gestion de centres multifonctionnels, de centres de foires et d'autres infrastructures.

Or, la Ville de Québec avait plutôt décidé de confier tout le processus à un homme d'affaires chargé d'obtenir la meilleure offre, ce qui a mené au choix de Quebecor, en mars dernier.

Le président de la Fédération québécoise des municipalités, Bernard Généreux, a pour sa part jugé que le processus enchâssé dans la loi 30, qui modifie les dispositions relatives à l'octroi de contrats dans la Loi sur les cités et villes, est différent de celui utilisé pour l'entente avec Quebecor.

«Ça prend un appel d'offres public, transparent, ouvert, ce qui n'était pas nécessairement le cas dans le dossier de Québec», a-t-il dit.

M. De Belleval sera devant la Cour supérieure ce vendredi dans le cadre des procédures préliminaires à l'audition d'une requête visant l'annulation de l'entente avec Quebecor, qu'il estime illégale.

Dans sa requête, M. De Belleval conteste aussi la constitutionnalité de la loi 204, une loi privée réclamée par M. Labeaume afin de prémunir l'entente contre les recours judiciaires.

En Chambre, mercredi, Mme Maltais avait fait allusion à toute la controverse qui a entouré l'adoption du projet de loi 204.

«Après avoir vécu tout le brouhaha autour du projet de loi privé qui était le projet de loi 204, qui avait été qualifié de déraisonnable, alors, aujourd'hui, avec l'adoption du projet de loi 30, nous allons faire de ce qui semblait déraisonnable un modèle raisonnable», a-t-elle dit.