Maintenant que le nom de Schefferville a été sorti de l'oubli par la renaissance de l'industrie du fer et le Plan Nord, le chef des Innus de Matimekosh-Lac-John, Réal McKenzie, exige qu'on vienne cogner à sa porte. Les visiteurs souhaités: les sociétés minières qui travaillent dans la région et le premier ministre Jean Charest.

Dans un discours bien senti, hier à Montréal dans une conférence sur le Plan Nord rassemblant tant des gens d'affaires que des avocats ou des élus locaux, le chef McKenzie a rappelé que Schefferville ne se laissera pas abandonner deux fois.

Les blessures du passé

Dans les années 80, M. McKenzie a vu le départ de l'Iron Ore Company, la fermeture de la ville et la destruction de ses infrastructures, dont 300 maisons encore habitables. Il a constaté l'abandon de la communauté par l'entreprise et les gouvernements. Jusqu'au nouveau boom minier, «on n'existait pas», déplore-t-il. Aujourd'hui, «nous avons la volonté d'être écoutés une fois pour toutes».

Il souhaite être écouté par le premier ministre Charest d'abord, «qui fait une tournée mondiale pour dire que les autochtones sont derrière le Plan Nord», note M. McKenzie en rappelant que sa communauté n'a pas appuyé le projet gouvernemental.

«Le Plan Nord, on ne peut pas être pour ou contre quand on ne sait pas ce que le gouvernement veut faire chez nous, dans notre cour», précise-t-il.

Il affirme que la communauté de 850 personnes n'a pas été consultée dans l'élaboration du Plan Nord, même si Schefferville sera un endroit stratégique, et qu'il n'a «pas eu un seul téléphone, pas une seule lettre de M. Charest». «Un jour, il faudra nous prendre au sérieux, c'est moi qui vous le dis.»

Au cabinet du ministre responsable du Plan Nord, Clément Gignac, on indique que le chef McKenzie avait été invité à la Table des partenaires et qu'il ne s'est pas présenté. «Il a même eu une rencontre avec Nathalie Normandeau [ministre à ce moment]», a précisé Jolyane Pronovost, attachée de presse de M. Gignac.

Quand vont-elles comprendre?

M. McKenzie entend aussi être écouté par les sociétés minières. En 2010, Matimekosh-Lac-John a littéralement bloqué la route aux minières Labrador Iron Mines et New Millennium pour les obliger à négocier, même si ces sociétés prévoyaient d'abord extraire du minerai du côté du Labrador (mais dans le territoire traditionnel innu). Le chef a finalement signé, en juin dernier, des ententes sur les répercussions et avantages avec les deux sociétés.

«Il n'y aura plus de passe-droits sur mon territoire, avertit le chef. Il faut notre consentement avant chaque projet. Il reste encore quelques compagnies qui ne sont pas venues me voir pour me dire ce qu'elles font sur mon territoire. Quand vont-elles comprendre?»