Au lendemain de sa défaite cuisante dans Bonaventure, l'Action démocratique du Québec (ADQ) encaisse difficilement le choc, tandis que le premier ministre Charest se félicite du fait que les Gaspésiens aient voté «pour l'économie».

«C'est évident que c'est un résultat qui est décevant pour nous. On ne jouera pas à l'autruche», a reconnu le chef de l'ADQ, Gérard Deltell.

Son candidat Georges Painchaud n'a récolté que 2,3% des votes. Précisons toutefois que Bonaventure n'est pas un terreau fertile pour l'ADQ. Le parti y avait récolté 12,20% lors de la montée de 2007 et 3,5% l'année suivante.

M. Deltell ne réussit pas à expliquer ce recul, au moment où trois Québécois sur quatre sont insatisfaits du gouvernement Charest et après que le vérificateur général a sévèrement critiqué la gestion libérale des garderies en fin de campagne. «J'y suis allé à deux reprises. J'ai rencontré les gens, que ce soit à 6h du matin au dépanneur, les dîners, les rencontres avec les maires et tout. On a fait les efforts nécessaires», a-t-il raconté.

«Les gens ont parlé avec beaucoup de clarté mardi. Le résultat est très bon. À 50%, on va le prendre», a de son côté dit Jean Charest.

Le premier ministre s'est moqué des critiques de la chef du Parti québécois, Pauline Marois. Lundi soir, elle a accusé M. Legault de ne pas avoir présenté de candidat pour ne pas «diviser le vote fédéraliste».

Pourtant, selon de nombreux sondages, la CAQ arracherait plus de votes au PQ qu'au PLQ. «Jusqu'à tout récemment, c'était un souverainiste, selon Mme Marois et le PQ. Et c'est un souverainiste, François Legault», a souligné M. Charest.

Blanchet «atterré»

Les élus péquistes ne prévoyaient pas que la question du leadership de Pauline Marois soulève beaucoup de questionnements à la réunion du caucus aujourd'hui. Certains prédisent que les associations de circonscription remonteront au créneau dès janvier prochain, bien avant le conseil national prévu pour la fin du mois.

Plusieurs élus sont inquiétés par les résultats de Bonaventure, surtout que la direction du parti leur avait dit à l'origine que la partie était «gagnable». Le PQ obtient tout de même 37%, mais reste loin derrière les libéraux, qui avaient pourtant connu une bien mauvaise période à l'Assemblée nationale au sujet de l'attribution des permis de garderie, note-t-on.

Le député Yves-François Blanchet y voit tout de même un «gain significatif». «On a 37% d'appuis, alors que les sondages nationaux s'amusent à nous placer à 20%», lance-t-il.

Il se dit néanmoins «atterré» par le résultat. «Je trouve ça plus inquiétant pour les gens de Bonaventure que pour le PQ. Je trouve ça inquiétant que des gens, avec le bilan de ce gouvernement et de ce parti, votent quand même par simple habitude pour eux. C'est ça qui est très inquiétant pour moi.»

La montée de Québec solidaire agace aussi les péquistes. On sait que cette frange d'électeurs de gauche appartient normalement au PQ. Voir 9% des électeurs en région éloignée passer de ce côté n'a rien de rassurant pour les troupes de Mme Marois. Québec solidaire a presque triplé ses appuis par rapport à 2008. «Et Bonaventure, ce n'est pas un terreau favorable pour Québec solidaire, rappelle son chef, Amir Khadir. Si, aujourd'hui, on fait 9% dans Bonaventure, il y a beaucoup d'espoir pour l'avenir du Québec.»