La loi 33 sur le placement syndical a été adoptée à l'unanimité vendredi, mais le boulot est loin d'être terminé. La ministre du Travail, Lise Thériault, dénonce que la FTQ-Construction et le Conseil provincial du Québec des métiers de la construction (International) refusent de participer au comité de transition.

«Si l'intérêt qui les anime, c'est le bien de leurs travailleurs et le respect de leurs droits, ils vont finir par adhérer aux principes du comité de transition», a déclaré la ministre.

«Ce n'est pas vrai qu'on va cautionner ce système-là», répond Yves Ouellet, directeur général de la FTQ-Construction.

La FTQ et l'International perdront de l'influence. Ils ne pourront plus placer leurs membres sur les chantiers de construction. Ils représentent 70% des travailleurs de l'industrie. Les trois autres syndicats concernés (CSN, CSD, CSQ) appuient la fin du placement syndical.

Le système n'est pas encore en place. Le mandat sera complété ici la fin de la semaine prochaine. Un comité de transition doit ensuite être mis sur pied au début 2012. Il aura une année pour établir les modalités du nouveau système.

On sait déjà que les syndicats ne pourrontplus communiquer avec les entrepreneurs pour placer leurs membres. Ils devront passer par l'intermédiaire de la Commission de la construction du Québec (CCQ).

En attendant, selon les règles de transition, les syndicats doivent transmettre leurs listes d'embauche à la CCQ et lui déclarer le placement qu'elles font.

M. Ouellet conclut à l'avance que le nouveau système sera un échec. «Quand un employeur a besoin d'un travailleur, la plupart du temps, ce n'est pas pour la semaine prochaine, c'est pour le lendemain.

«Quand on a besoin d'un travailleur, c'est souvent très pressant, c'est pour le lendemain», dit M. Ouellet.

La ministre a indiqué que lors d'urgences, les syndicats pourraient peut-être placer leurs membres. Elle donne l'exemple d'un bris dans le métro en pleine nuit. «Si on a besoin de 25 électriciens hyperspécialisés dans deux heures ou trois heures (...), il faut être en mesure de répondre à ça», indique-t-elle. Un tel placement devrait être «assorti d'une obligation de déclaration dans les 24 heures suivantes», précise Mme Thériault.

Le comité de transition doit définir ces situations dans le règlement.

La FTQ-Construction refuserait de placer ses travailleurs dans ces conditions. «Il faudrait être disponible la nuit pour aider ceux qui volent notre rôle la journée? On n'est pas imbéciles», tonne M. Ouellet.

Pénurie? Ministre pas inquiète

L'International a menacé cette semaine de créer une pénurie de main-d'oeuvre en incitant ses membres à travailler sur les chantiers des autres provinces. La FTQ-Construction incite à mots couverts ses membres à faire la même chose. «S'ils le décident, je peux vous dire qu'on ne les empêchera pas», lance M. Ouellet.

La ministre Thériault n'est pas inquiète. «Pensez-vous honnêtement que tous les jeunes travailleurs de l'industrie qui ont des familles ici, avec des enfants, vont sortir du Québec pour aller travailler dans une autre langue?», a-t-elle réagi.

Elle n'ose pas inciter les travailleurs qui subissent des pressions de leur syndicat à profiter de la période de maraudage au printemps prochain pour changer d'affiliation. «La seule chose à laquelle j'incite les travailleurs, c'est à faire respecter leurs droits», dit-elle.