Alarmé par la «culture du secret» entourant le Plan Nord, un groupe de députés indépendants exige la tenue d'une commission parlementaire sur le développement des ressources naturelles et hydroélectriques.

Les ex-péquistes Lisette Lapointe, Louise Beaudoin et Pierre Curzi ainsi que le co-chef de Québec solidaire, Amir Khadir, jugent que le Plan Nord du gouvernement Charest est une opération partisane conçue derrière des portes closes.

«C'est extrêmement important que la population puisse être éclairée et même les médias. Nous, membres de l'Assemblée nationale, n'en savons pas plus que ce qu'on veut bien nous dire dans les publicités», a dit Mme Lapointe, en conférence de presse à Québec.

Les propositions formulées récemment par l'ancien premier ministre Jacques Parizeau et le professeur Yvan Allaire, de l'Université du Québec à Montréal, pour maximiser les retombées économiques des projets miniers méritent un examen sérieux, a-t-elle fait valoir.

Selon elle, les Québécois sont tenus à l'écart des discussions alors que des milliards de dollars de profits découlant de l'exploitation des ressources naturelles iront dans les poches du secteur privé.

À son avis, tous les groupes intéressés de même que les populations autochtones du nord du Québec devraient avoir l'occasion de faire connaître publiquement leur avis sur le développement des ressources nordiques.

«Nous aimerions entendre les groupes, les experts et ensuite on pourra dire, ensemble, qu'on s'en va dans la bonne direction. De cette façon, ce ne sera pas un Plan Nord qui va seulement rapporter quelques centaines de millions de dollars par année contre des milliards de dollars de profits pour le secteur privé», a dit Mme Lapointe.

Compte tenu des sommes en cause et des enjeux en présence, les parlementaires de toutes les allégeances politiques devraient pouvoir prendre part à un large «débat ouvert» sur le développement du Nord, a de son côté estimé M. Curzi.

D'après le député de Borduas, une consultation permettrait d'entendre l'opinion d'experts, notamment en matière de droits miniers, afin de déterminer le «modèle d'affaires» le plus efficace pour que le Québec retire le maximum des bénéfices provenant de l'exploitation des ressources.

«Il n'y a pas que la question des redevances, il y a aussi d'autres modèles d'affaires et on découvre dans ces autres modèles que les bénéfices que le Québec pourrait retirer seraient considérablement plus importants. On parle de milliards de dollars», a-t-il expliqué.

M. Curzi a fait allusion entre autres à la proposition du professeur Allaire de plafonner la rentabilité des projets miniers à 30 pour cent. Tous les profits supérieurs à cette balise iraient dans les coffres de l'État.

Quant à lui, M. Khadir a insisté sur l'importance d'associer la population à la démarche pour faire contrepoids au gouvernement Charest, «trop proche de certains milieux d'affaires, surtout du milieu minier».

Le coleader de Québec solidaire a interpellé l'opposition péquiste pour qu'elle «se montre un peu plus énergique» et appuie la tenue d'une commission parlementaire.

«Comme le gouvernement a démontré sa faiblesse à mettre une barrière étanche entre tous les milieux lobbyistes et ses décisions, il est important que l'opposition officielle appuie (notre) requête», a-t-il argué.

Plus tôt cette semaine, la députée Lapointe a tenté de faire adopter une motion demandant des consultations sur le développement des ressources naturelles et hydroélectriques prévu au Plan Nord, mais le gouvernement s'est opposé à son dépôt. Elle compte revenir à la charge la semaine prochaine.