Faute d'un large consensus politique, le gouvernement Charest abandonne l'idée d'ajouter trois nouveaux sièges à l'Assemblée nationale.

Le ministre responsable de la Réforme des institutions démocratiques, Yvon Vallières, a fait savoir mercredi qu'il n'avait pas l'intention de rappeler en Chambre le projet de loi 19 et en impute la faute aux partis d'opposition, en particulier le Parti québécois.

«À mon avis, le Parti québécois a voulu, dès le départ, tuer le projet de loi 19. Ça, c'était l'objectif du Parti québécois. En refusant qu'on le dépose, c'était de tuer le projet de loi», a dit M. Vallières en conférence de presse à Québec.

Le PQ réclame aujourd'hui le rappel de la pièce législative mais n'est pas en mesure de garantir «le large consensus» requis pour modifier une loi aussi «fondamentale» que la loi électorale, a soutenu le ministre Vallières.

«On ne reconnaît pas qu'il y a un consensus large, pas un consensus, un consensus large. Normalement, ça devrait être l'unanimité (de l'Assemblée nationale). À partir du moment où on a déjà l'ADQ, déjà Québec solidaire, déjà plusieurs députés indépendants qui sont contre, un vote libre chez le PQ, ceux qui constatent le consensus large peuvent repasser», a-t-il fait valoir.

Combinée au vote libre institué par le PQ, l'opposition exprimée par l'Action démocratique, Québec solidaire et nombre de députés indépendants rendent bien minces sinon nulles les chances d'arracher un consensus sur la question, a laissé tomber M. Vallières.

«Si la situation changeait, si tous les députés en Chambre, incluant l'ADQ, Québec solidaire, les indépendants, puis le Parti québécois, sans vote libre, nous disaient: «On est tous d'accord, on va l'appeler'. Ce n'est pas ça qu'on constate. Donc, ça, c'est peu probable», a-t-il dit.

À l'Assemblée nationale, le leader parlementaire péquiste Stéphane Bédard a rejeté les affirmations du ministre Vallières.

Le Parti québécois a multiplié les signaux ces dernières semaines pour assurer le gouvernement Charest de sa pleine collaboration, a-t-il argué.

«Le 5 octobre dernier, je confirme au ministre l'accord du Parti québécois pour le rappel du projet de loi. Il est d'accord. Coup de théâtre, ils disent: «Ça prend une déclaration publique'. Le lendemain, je fais cette déclaration publique, il est content. Nouveau coup de théâtre, il dit: «Ça prend une déclaration de la chef'. Elle le fait. Nous attendons encore», a relaté M. Bédard.

À moins d'un improbable revirement, les régions du Québec seront donc amputées de trois circonscriptions lors du prochain scrutin général, conformément à la décision rendue plus tôt cet automne par la Commission de la représentation électorale.

Les trois circonscriptions en déclin démographique condamnées à disparaître sont Kamouraska-Témiscouata, Matane et Lotbinière.

Kamouraska-Témiscouata et Matane sont toutes deux représentées par le Parti québécois, alors que Lotbinière est l'un des seuls comtés conservés par l'ADQ en 2008.

En revanche, la commission a délimité trois nouveaux comtés dans la populeuse ceinture de Montréal.

Au total, les contours de 86 circonscriptions sont retouchés.

La nouvelle carte comptera 125 circonscriptions, le même nombre qu'à l'heure actuelle. Le projet de loi 19 prévoyait faire passer ce nombre à 128, sur une base temporaire, le temps de permettre aux parlementaires d'adopter de nouveaux critères pour protéger la représentation politique régionale.