Le candidat vert dans Bonaventure, Jean Cloutier, a décidé d'appuyer le PQ sans avoir préalablement obtenu l'accord de son chef. «C'est emmerdant, c'est certain», a réagi le chef du Parti vert du Québec (PVQ), Claude Sabourin.

Lors du deuxième débat des chefs dimanche dernier, M. Cloutier a incité les électeurs souverainistes à voter pour le PQ. «C'est pour barrer la route aux libéraux et aussi pour éviter qu'ils votent pour Québec solidaire. Le PQ est le programme qui se rapproche le plus du nôtre», a justifié M. Cloutier à La Presse.

Il demande toutefois aux fédéralistes de continuer de voter pour lui. M. Cloutier se dit ni à gauche, ni à droite, ni souverainiste, ni fédéraliste. N'est-ce pas contradictoire de demander aux électeurs de voter d'abord en fonction de ces clivages, même s'il les juge impertinents? «Non, je ne pense pas», répond-il.

Lors du premier débat des chefs, M. Cloutier expliquait que depuis la Lune, la Terre ne semble pas avoir de frontières, et qu'il faudrait la diviser en biorégions.

La promesse de l'écoute

M. Sabourin accuse le PQ de «maraudage». «Pauline Marois a sollicité une rencontre avec lui (samedi dernier), la veille du débat. Elle l'a rencontré à son bureau, elle lui a fait miroiter je-ne-sais-quoi. J'ai dit à M. Cloutier que ce n'était pas une bonne idée, mais je ne suis pas son père.»

M. Cloutier dit avoir suivi cet été une formation en France sur les verts et le vote stratégique. À son retour, il avait demandé une rencontre avec la chef du PQ. Elle l'a finalement rappelé après le déclenchement des élections partielles dans Bonaventure. «Mme Marois m'a promis une oreille attentive, elle va essayer de faire avancer les choses pour mes neuf engagements», raconte-t-il. Parmi ses engagements: l'aménagement d'un sentier des Appalaches ainsi que le développement de l'énergie éolienne et solaire.

Pas d'alliances, dit le PVQ

Lors d'un congrès en 2006, le PVQ a pris position contre les fusions ou alliances avec d'autres partis. «Nous ne sommes jamais revenus sur cette décision», rappelle M. Sabourin.

Selon lui, les fusions ne sont pertinentes que dans un autre mode de scrutin, comme une proportionnelle mixte ou un scrutin uninominal majoritaire à deux tours. Le PVQ milite d'ailleurs pour un changement de notre mode de scrutin.

M. Sabourin explique que le PVQ n'a pas de ligne de parti. Mais selon lui, le candidat n'a pas dérogé à la ligne de parti. Il a carrément tourné le dos à son parti.

M. Cloutier est aussi vice-président du PVQ et président de l'aile québécoise du Parti vert du Canada. A-t-il encore la légitimité pour rester en poste? « C'est certain qu'on devra avoir une bonne discussions dans les prochains jours », répond M. Sabourin.

Le vice-président propose un congrès extraordinaire sur les alliances électorales au début février à Québec, avant la reprise des travaux parlementaires. Il dit songer à des alliances avec le PQ et la CAQ, même si après une année de réflexion et consultation, François Legault n'a pas encore de positions sur l'environnement. «On sait qu'on ne prendra pas le pouvoir. Mon scénario idéal, ce serait de devenir le premier député vert, avec la PQ ou la CAQ comme gouvernement», lance-t-il.

Sur son CV, M. Cloutier se décrit ainsi: «Pugnace de tous les combats: pour une alimentation saine dans un amphithéâtre LEED sans gras trans avec une gare intermodale accueillant un tramway contre la fluoruration de l'eau potable, l'injustice sociale et les guerres...».

Il assure que malgré son appel au vote stratégique, il continuera de faire campagne. Sur son blogue, il annonce d'ailleurs qu'il aura bientôt du renfort. « (...) Les rumeurs de la venue de Georges Laraque pour supporter le président de l'aile québécoise du Parti vert du Canada se sont confirmées pour une visite les 4 et 5 décembre. L'ex-hockeyeur de la LNH dont les Canadiens de Montréal viendra rencontrer les électeurs, cuisiner crudivore au bureau de campagne et agir comme garde du corps et chauffeur le jour du scrutin», écrit-il.