L'opposition qualifie de «ramassis» les actions du gouvernement dans la lutte à l'itinérance. C'est ainsi que le Parti québécois a accueilli vendredi le bilan du plan d'action 2010-2013 en itinérance de la ministre déléguée des Services sociaux, Dominique Vien.

En commission parlementaire, les péquistes ont accusé les libéraux d'en avoir fait un fourre-tout pour embellir le portrait et dissimuler leur manque de volonté. Les regroupements des organismes de lutte à l'itinérance ont joint leur voix à l'opposition pour demander à la ministre de les écouter pour mettre en oeuvre une véritable politique en la matière.

«C'est un ramassis de mesures, qui ne sont pas du tout en lien avec le plan d'action», a dénoncé la députée Carole Poirier dans une entrevue au terme des audiences de la commission parlementaire.

«On nous a ramassé des trucs de supports à vélo, des mesures de cafétérias dans les universités. Il y a absence de volonté politique du gouvernement d'avoir une vision en itinérance.»

Le gouvernement soutient pour sa part qu'il aura investi en tout 63 millions $, dont 14 millions $ annoncés vendredi matin, a voulu préciser l'attaché de presse de la ministre Vien, Florent Tanlet, en entrevue avec la Presse Canadienne. Une somme qui sera répartie sur trois ans.

Selon Florent Tanlet, le plan comporte 70 mesures dont la création de 19 équipes de liaison postées dans des salles d'urgence. «Ce sont des spécialistes en toxicomanie qu'on met dans les urgences et ces spécialistes vont repérer les gens qui ont des problèmes de toxicomanie. Ces gens qui ont des problèmes peuvent fréquenter 15, 20 fois les urgences dans la même semaine. On les détecte et on les redirige vers des centres de réadaptation.»

Quatre équipe ont également été formées pour de la recherche, de la coordination, des logements sociaux. «Ce sont quatre équipes de coordination intersectorielle qui ont été créées, c'est un peu comme des bureaux de l'itinérance» a expliqué M. Tanlet en précisant que ces bureaux opéreront dans les quatre villes du Québec où l'itinérance est la plus prononcée soit Montréal, Québec, Trois-Rivières et Gatineau.

Outre l'accroissement d'unités de logement et du nombre de lits, le plan fait en effet aussi état de mesures contre le décrochage scolaire, ou encore la mise en place de menus santé dans les collèges et universités, ou l'installation de supports à vélo.

Pour leur part, des regroupements représentant les organismes d'aide aux itinérants ont demandé au gouvernement en commission parlementaire d'enlever ses «lunettes roses».

Le coordonnateur du Réseau d'aide aux personnes seules et itinérantes de Montréal (RAPSIM), Pierre Gaudreau, constate non seulement un accroissement du nombre de sans-abri, mais aussi de la violence et des problèmes de comportement.

Ils veulent prioritairement que le gouvernement applique la recommandation d'adopter une politique sur l'itinérance, mais la ministre refuse pour l'instant.

Célia Corriveau, du Réseau solidarité itinérance, demande à Mme Vien de l'ouverture, de la souplesse et plus d'écoute.

«La ministre n'est pas totalement fermée», a ajouté la présidente du réseau, Jenny Villeneuve, en précisant qu'elle allait demander une rencontre avec elle.

L'opposition péquiste pense tout simplement que la ministre manque de compréhension des enjeux.

«Ils veulent pas d'une politique qui les engage sur le long terme, a déclaré la députée péquiste Monique Richard. Une politique, ça crée une obligation d'investir beaucoup plus importante, qui lie les différents ministères, tandis qu'un plan d'action dépend des moyens annuels. Ça entache la pérennité.»

Une des porte-parole du gouvernement, Maryse Gaudreault, a pour sa part rétorqué que le gouvernement était dans l'action et qu'il fallait y aller «un pas à la fois».

«Pensez-vous réellement qu'une politique qui va prendre deux ans à mettre en place va changer quelque chose pour les personnes pour qui vous vous battez tous les jours? Je pense qu'on est déjà en action, on a un plan d'action.»