Après un apaisement de quelques semaines, les syndicats de la construction se sont à nouveau rebiffés, vendredi, contre le projet de loi 33 sur l'élimination du placement syndical.

Les deux plus grandes organisations syndicales dans l'industrie - la FTQ-Construction et le Conseil provincial du Québec des métiers de la construction (International) - menacent de bouder le comité de «transition» chargé de déterminer les modalités du futur système de placement de la main-d'oeuvre.

Les syndicats tiennent mordicus à ce que le nouveau système de placement leur laisse la possibilité de transiger directement avec les employeurs pour combler les besoins de main-d'oeuvre. Or, la ministre du Travail, Lise Thériault, entend pour sa part bannir «la référence directe de main-d'oeuvre par les syndicats» afin de réduire le risque de collusion.

«C'est très clair, ce qu'on veut interdire, c'est la relation privée entre un patron et un représentant syndical. Il ne peut pas y avoir de liens directs», a statué Mme Thériault en point de presse au terme de l'étude détaillée du projet de loi 33 en commission parlementaire.

Les propos de la ministre n'ont rien fait pour rassurer la FTQ-Construction qui a annoncé en après-midi, vendredi, qu'elle n'ira pas siéger à un comité «où tout semble décidé d'avance».

«On ne participera pas aux travaux de ce comité et ils s'arrangeront avec leur système de référence qui ne fonctionnera pas. Nous, dans l'avenir, on va aller sur les chantiers faire respecter les conventions collectives et la santé et la sécurité au travail. On va jouer ce rôle-là. Ils s'organiseront avec leur plateforme de référence de main-d'oeuvre», a lancé le président Arnold Guérin.

Même réaction du côté de l'International où les procureurs du syndicat ont été mandatés pour examiner la possibilité de contester la loi devant le tribunal.

«On veut un engagement ferme de la ministre à l'effet que le lien syndical-patronal sera maintenu, sinon, on ne se présentera pas à ce comité. Ils s'arrangeront. Nos procureurs regardent la possibilité de contester», a soutenu le directeur général du conseil, Donald Fortin.

Plus tard en point de presse, la ministre Thériault a tenté de calmer le jeu, confiante que les syndicats changeront leur fusil d'épaule.

«À partir du moment où on veut tous le bien des travailleurs, les gens vont vouloir venir à la table. Prenons le temps. On vient de finir l'étude détaillée du projet de loi, on va tous se reposer en fin de semaine, on va franchir les étapes la semaine prochaine sur l'adoption finale (de la loi) et ensuite je vais reparler aux partenaires», a dit Mme Thériault.

En vertu du projet de loi 33, un nouveau mécanisme de référence de la main-d'oeuvre, administré par la Commission de la construction du Québec (CCQ), remplacera l'actuel système de placement syndical perçu comme l'une des causes du climat d'intimidation sur les chantiers.