L'ex-ministre Tony Tomassi, accusé de fraude et d'abus de confiance, restera à l'écart de «l'aquarium à piranhas» de l'Assemblée nationale, a déclaré mardi son porte-parole.

Luc Tremblay a affirmé lors d'une entrevue qu'en retournant au Salon bleu, M. Tomassi s'exposerait aux attaques de ses adversaires, qui ont réclamé sa démission.

«Admettons que je vous envoie dans un aquarium où il y a des piranhas, est-ce que vous êtes capable de nager librement?, a-t-il demandé. Actuellement, ce qu'on a pu voir et observer sur la place publique, c'est qu'évidemment, l'intérêt des collègues de l'Assemblée nationale, envers M. Tomassi, concerne la cause actuelle.»

Selon M. Tremblay, cette situation aurait pour effet d'entraver le travail de législateur de M. Tomassi, qui siège comme indépendant depuis mai 2010, après avoir été expulsé du caucus libéral par le premier ministre Jean Charest.

«Il y a plus de probabilités qu'il se fasse interpeller sur le dossier en cours que sur sa contribution à analyser, à voter des projets de loi, a-t-il dit. Si on parle du rôle de député comme législateur, est-ce qu'il peut jouer ce rôle sans entrave? Je pense que la réponse est facile.»

M. Tomassi a formellement été accusé, lundi, de deux chefs de fraude envers le gouvernement et d'un chef d'abus de confiance par un fonctionnaire public. Les faits qui lui sont reprochés se seraient déroulés entre le 1er novembre 2007 et le 6 mai 2010.

Au moment du dépôt des accusations, en octobre, des membres de l'opposition ont réclamé la démission de M. Tomassi mais celui-ci a fait savoir, lundi, qu'il restera en poste pour faire son travail de député dans sa circonscription montréalaise de LaFontaine.

M. Tremblay a indiqué que d'ici à ce que sa cause franchisse une nouvelle étape en janvier, le député a résolu de rester à l'écart du Parlement.

«Il va s'assurer d'être la courroie de transmission avec les ministres et les fonctionnaires et ses commettants, a-t-il dit. D'ailleurs, c'est ce qu'il fait actuellement.»

Apprenant que M. Tomassi avait effectué, dans le cadre de ses fonctions, des dépenses personnelles avec une carte de crédit appartenant à l'agence de sécurité BCIA, M. Charest avait expulsé son ministre hors du caucus libéral et référé le dossier à la police, qui a entamé une enquête.

Avant d'être engloutie dans une faillite, BCIA appartenait à l'homme d'affaires controversé Luigi Coretti, un donateur libéral.

Avant son expulsion du caucus libéral, M. Tomassi, alors ministre de la Famille, était la cible d'accusations de favoritisme dans l'octroi de places en garderie.

M. Tremblay a affirmé mardi que l'ex-ministre est fortement ébranlé par l'épreuve juridique à laquelle il est confronté.

«Le tribunal de l'opinion publique a fait son oeuvre et ce sont des êtres humains les politiciens, a-t-il dit. Et quelque soit le politicien, ce n'est pas un état d'esprit ou une situation qui est facile à vivre. Il ne trouve pas cette situation facile à vivre et ça le préoccupe énormément.»