L'aile jeunesse de l'Action démocratique du Québec se dit «ouverte aux discussions» avec François Legault, elle qui s'opposait «catégoriquement» à une fusion jusqu'à maintenant. La Commission des aînés assouplit sa position elle aussi et est prête à envisager un mariage avec la Coalition pour l'avenir du Québec (CAQ).

Ces deux volte-face sont significatives. Le comité exécutif de l'ADQ, dont les présidents des commissions des jeunes et des aînés sont membres, se réunit lundi pour discuter d'une fusion éventuelle avec la CAQ.

Le président de la Commission des aînés, Jacques Auger, s'était montré farouchement opposé à une fusion lors d'une entrevue avec La Presse en septembre. «J'aime autant mourir avec l'ADQ que de vendre mon âme au diable», avait-il dit. Il tient un autre discours aujourd'hui. «Je suis plus souple. J'ai réfléchi. Des gens du parti, au comité exécutif, m'ont apporté des arguments. [...] Certaines personnes nous ont fait comprendre que dans le programme de Legault, il y avait beaucoup de choses qui pouvaient ressembler à l'ADQ», a confié M. Auger. «S'il y a un mariage de raison et que c'est pour des raisons qui me conviennent, je l'appuierai», a dit M. Auger. Il n'a pas l'intention de «se mettre à quatre pattes devant Legault». L'ancien ministre péquiste devra faire des «propositions qui répondent aux aspirations» de l'ADQ, a-t-il indiqué, sans apporter davantage de précisions.

Au cours d'un entretien avec La Presse, vendredi, le président de la Commission des jeunes, Denis Claveau, a expliqué que les membres sont divisés au sujet d'une fusion, mais qu'ils sont prêts à entreprendre des pourparlers avec la Coalition pour l'avenir du Québec.

«On n'est pas contre les discussions entre M. Legault et notre parti et la possibilité que, éventuellement, il y ait quelque chose qui se passe», a affirmé M. Claveau. Une fusion serait envisageable «si les discussions s'orientent dans le bon sens».

Il a refusé de poser ses conditions ou de nommer ce qui ne pourrait pas faire l'objet de compromis. «On essaie de ne pas trop négocier sur la place publique», a-t-il dit. Chose certaine, il refuse d'«adopter sans réserve l'intégralité» des propositions mises sur la table par la CAQ jusqu'à maintenant.

Denis Claveau a noté que la Commission jeunesse a comme priorité de «faire avancer» ses idées et qu'elle «n'a pas à protéger le parti ad vitam aeternam».

Pourtant, le 12 septembre, la Commission des jeunes avait fait savoir par voie de communiqué qu'elle s'opposait «catégoriquement» à une fusion. «Nous souhaitons le maintien de l'ADQ comme parti politique autonome sous le leadership de Gérard Deltell, que nous appuyons sans réserve. Il existe plusieurs différences de nature fondamentale entre le programme de la Coalition et celui de l'Action démocratique.»

Denis Claveau a expliqué que, «dans les faits», il n'a jamais fermé la porte à une fusion. Le communiqué avait essentiellement «un but stratégique». La Commission des jeunes voulait «remettre un peu le leadership de Gérard Deltell sur les rails», a-t-il plaidé. «Si ça a pu paraître comme de l'opposition [à une fusion], c'est parce qu'à un moment donné, il fallait passer un message clair. On tenait à démontrer à la population que ce n'est pas vrai que les adéquistes sont tous à genoux devant Legault. En septembre, dans les médias, ça donnait cette impression.»