Le prochain véritable test de popularité pour Jean Charest et Pauline Marois aura lieu le 5 décembre, alors que les électeurs de Bonaventure, en Gaspésie, seront appelés à se choisir un député.

Le conseil des ministres a adopté mercredi le décret officialisant l'élection complémentaire dans Bonaventure, rendue nécessaire à la suite de la démission de la ministre Nathalie Normandeau en septembre dernier.

Dans le contexte politique actuel, où libéraux et péquistes fracassent des records d'impopularité dans les sondages, cette campagne électorale risque fort de déborder des frontières de la Gaspésie.

Pour les libéraux de Jean Charest, une défaite dans Bonaventure - forteresse occupée par deux figures fortes: Gérard-D. Lévesque pendant des décennies, puis Nathalie Normandeau élue à quatre reprises - paraît impensable. Elle enverrait au gouvernement le message que les choses ne vont vraiment pas bien pour lui.

Au cours des 55 dernières années, la population de Bonaventure a toujours voté libéral, sauf durant une brève parenthèse de 1994 à 1998.

Pour le Parti québécois, aux prises avec une crise de leadership depuis des mois, une victoire représenterait certainement un baume pour la chef Pauline Marois, comme l'avait été l'an passé l'élection-surprise du candidat péquiste dans Kamouraska-Témiscouata, pour succéder au ministre Claude Béchard. Par contre, une défaite, surtout si elle est cuisante, rendrait encore plus fragile la position de la chef, qui cherche toujours à démontrer à ses troupes qu'elle est la meilleure personne pour mener le PQ au pouvoir.

Mme Marois se rendra dans Bonaventure, dimanche, pour lancer officiellement la campagne de son candidat, Sylvain Roy, un professeur de sociologie au cégep de la Gaspésie et des Îles.

Mercredi soir, M. Roy était présent au caucus du PQ à Québec pour rencontrer ceux qu'il espère côtoyer à l'Assemblée nationale.

M. Roy ne veut pas s'étendre sur le climat de dissensions qui règne autour de Mme Marois. Il dit appuyer «pour le moment» sa chef, qui lui apparaît certainement supérieure à d'éventuels successeurs qu'il refuse cependant d'identifier.

«Son CV est sans tache, comparativement à d'autres individus que je ne nommerai pas», a-t-il dit, lors d'un entretien téléphonique à La Presse Canadienne.

«Je ne remets absolument pas (en question) son leadership pour le moment», a ajouté M. Roy, car elle demeure à ses yeux, malgré la crise, «la plus apte actuellement pour gouverner le PQ».

Même s'il s'attaque à une forteresse libérale, il estime avoir «de bonnes chances» de l'emporter, misant sur «le ras-le-bol» de la population envers le gouvernement.

Quant à lui, le Parti libéral du Québec (PLQ) sera représenté par le maire de Saint-Elzéar depuis 18 ans, Damien Arsenault, qui n'a pas perdu de temps, en plaçant ses affiches sur les poteaux avant même que le décret ait été adopté.

En 2008, Nathalie Normandeau avait été réélue avec une très confortable majorité de 5863 voix et 64 pour cent du vote, contre 29 pour cent pour le candidat péquiste.

La candidate de Québec solidaire sera Patricia Chartier, une attachée politique du député fédéral néo-démocrate Philip Toone. Elle avait tenté sa chance une première fois en 2008, ne récoltant que 3 pour cent d'appuis.

Le nouveau parti de François Legault ne présentera aucun candidat. Même s'il se maintient au sommet des sondages, le chef de la Coalition pour l'avenir du Québec refuse donc de relever le défi que lui a lancé dimanche dernier le premier ministre Charest.

L'Action démocratique n'a pas encore annoncé ses couleurs, mais sera de la course et devrait rendre public le nom de son candidat dans les prochains jours.

Les partis et personnes intéressées ont jusqu'au 19 novembre pour présenter une candidature.