Avant eux, le mandat de Pauline Marois à la tête du Parti québécois voguait en eaux calmes.

Un an après leur bruyante sortie publique, les meneurs des 50 jeunes indépendantistes insatisfaits du Plan Marois de «gouvernance souverainiste» persistent et signent.

Les leaders du groupe, Félix-Antoine Dumais-Michaud et Jean-François Landry, haussent même le ton d'un cran: Pauline Marois devrait adopter une approche indépendantiste plus claire ou simplement se retirer de l'avant-scène politique, lancent-ils, en entrevue avec La Presse Canadienne.

«Si Mme Marois se rend compte que la stratégie qu'elle déploie et la manière dont elle la déploie ne fonctionne pas, elle devrait avoir l'humilité de faire ce que Jacques Parizeau a fait en 1995 et passer le flambeau», tranche M. Dumais-Michaud, 27 ans, en faisant référence à l'arrivée de Lucien Bouchard sous les feux de la rampe.

«La patrie doit passer avant le parti, et le parti avant la chef.»

Leur lettre, publiée le 1er novembre 2010 dans Le Devoir, avait participé à la première crise de leadership de Mme Marois. Quelques jours plus tôt, Jacques Parizeau avait marché dans le même sillon en identifiant Gilles Duceppe comme meilleur porte-étendard de la souveraineté. L'ancien premier ministre vantait notamment la «clarté remarquable» du discours du chef bloquiste.

Les deux jeunes affirment lire comme tout le monde les coups de sonde qui donnent le PQ grand gagnant avec M. Duceppe à sa tête. Eux-mêmes militants bloquistes, ils vantent ses qualités de chef et la limpidité de sa position indépendantiste.

«Si Gilles Duceppe arrivait à la tête du Parti québécois et que Pauline Marois se retirait, bien sûr que je suis convaincu que ca irait mieux pour le Parti québécois», affirme M. Landry, âgé de 23 ans et ancien président l'aile jeunesse du Bloc québécois.

«Cela dit, actuellement Pauline Marois elle est là et ce qu'on lui dit c'est de s'en inspirer un peu et de changer son plan sur la gouvernance souverainiste.»

Selon MM. Landry et Dumais-Michaud, l'illusion que le PQ puisse sauver plus que les meubles en maintenant le discours de la «gouvernance souverainiste» n'est prise au sérieux que dans la garde rapprochée de Pauline Marois.

«Malheureusement, on a l'impression qu'ils sont dans le déni total. Ils sont dans un monde où ils ont des lunettes roses, on a l'impression qu'ils ne vivent pas sur la même planète que nous. C'est triste», dit regretter M. Landry.

«Ils devraient laisser tomber ce genre de lunettes roses et se rendre compte que la réalité est un peu moins plaisante.»

Mm. Landry et Dumais-Michaud refusent d'assumer la responsabilité des déboires de Mme Marois depuis un an. Selon eux, la sortie publique n'a fait qu'exposer des tensions déjà présentes au sein du caucus et du parti.

«On a mis en lumière un malaise qui sévissait au Parti québécois et depuis ce temps-là, les gens se gênent certainement moins pour exposer certaines critiques qui auraient dû à mon sens être exposées avant», explique M. Landry.

«Mme Marois a eu sa lune de miel et elle a eu sa chance, et aujourd'hui elle doit faire face à la musique.»