Même si le plus récent sondage le place premier dans les intentions de vote s'il était aux commandes du Parti québécois (PQ), Gilles Duceppe continue de faire front commun avec Pauline Marois. L'ancien leader du Bloc québécois a réitéré aujourd'hui sa «pleine confiance» envers la chef du PQ, qui a fait face cette semaine à une fronde de plusieurs députés qui ont réclamé son départ.

Mme Marois et M. Duceppe sont arrivés côte à côte, ce matin, dans un «brunch populaire» auquel 300 militants péquistes de Sorel-Tracy ont assisté.

Le PQ avait convié les médias à l'événement. Or, Mme Marois et M. Duceppe ont tout fait pour éviter de parler aux journalistes, qui les ont talonnés jusqu'à la sortie. L'agent de la Sûreté du Québec affecté à la sécurité de Mme Marois a même escorté Gilles Duceppe jusqu'à sa voiture, se plaçant physiquement entre l'ancien chef du Bloc et les journalistes. «J'ai dit tout ce que j'avais à dire», s'est contenté de dire M. Duceppe, alors que les journalistes le bombardaient de questions sur les résultats d'un sondage Léger Marketing publié ce matin. Selon ce dernier coup de sonde, un Parti québécois dirigé par Gilles Duceppe remporterait 37% des votes contre 25% pour un parti dirigé par François Legault et 21% pour les libéraux avec Jean Charest comme chef.

Après avoir mangé oeufs brouillés, bacon et rôties, Mme Marois et M. Duceppe se sont toutefois adressés aux partisans.

Selon M. Duceppe, Mme Marois possède la «volonté», «l'expérience» et la «détermination» pour mener à bien le projet souverainiste.

«Pauline Marois affronte des temps difficiles. On s'en est parlé», a-t-il déclaré. «Je dirai à Pauline Marois, qu'en 2004, quelques mois avant l'élection de juin, le Bloc était à 20% et Paul Martin à 60%. Mais nous avons persisté parce qu'on avait des convictions et on s'est dit: "on va les faire partager et on va les défendre". Et on a réussi. Le PQ peut aussi réussir parce que je vous présente une femme qui est déterminée et qui a ma pleine confiance.»

Lorsqu'elle a pris la parole par la suite, Mme Marois a remercié M. Duceppe «du plus profond» de son coeur. «Nous traversons une période qui est difficile et il y en a certains qui s'imaginent que les secousses vont finir par enfin nous déstabiliser. J'ai traversé bien des crises depuis que je fais de la politique et j'ai vu bien des gens abandonner devant l'adversité. Mais j'en ai vu d'autres qui, au contraire, redoublaient d'efforts, qui voulaient se battre contre toutes les prédictions et qui ont fini par l'emporter».

La chef souverainiste a cité en exemple la fronde de députés subie par René Lévesque en 1976 quelques mois avant l'élection provinciale, finalement remportée par le PQ. Elle a rappelé que Jacques Parizeau se faisait dire «sans cesse qu'il ne connectait pas» avec l'électorat avant qu'il ne soit élu en 1994.

«En 2003, il y a des militants et des députés du Bloc québécois qui ont demandé la démission de Gilles Duceppe, ils étaient littéralement apeurés. Ils étaient paniqués à la vue des sondages qui annonçaient que Paul Martin allait tout balayer sur son passage et en particulier le Québec. On va faire un exercice ce matin. On va changer le nom de Paul Martin et on va le remplacer en 2011 au Québec par François Legault.»

Le député péquiste de la région, Sylvain Simard, a également pris le micro pour réagir à la tempête qui secoue son parti. «Cette semaine, un petit groupe de quelques députés qui ont paniqué devant un sondage a décidé de faire valoir publiquement ses états d'âme», a-t-il ajouté. «Si Jean Charest avait écouté, en 2003 jusqu'à un mois et demi avant l'élection, ce que les sondages disaient et ce que les commentateurs disaient, il ne se serait pas présenté. Si Jack Layton avait écouté les sondages au mois de mars et au mois d'avril, est-ce qu'il se serait présenté aux élections?»