L'ADQ remet en question l'indépendance et la compétence de trois dirigeants de la Régie du bâtiment (RBQ).  

Le régisseur, Robert Généreux, présidait l'association libérale d'Argenteuil en 2007 lors de sa nomination. Il avait été recommandé par le député d'Argenteuil et ministre du Travail, David Whissell. M. Généreux travaillait aussi sous la direction de M. Whissell dans son entreprise familiale, en 1992-1993. Il est géologue et administrateur de formation.

La leader parlementaire de l'ADQ, Sylvie Roy, se demande comment M. Généreux, qui «n'est même pas en mesure de rédiger une mise en demeure», peut faire «le poids devant les avocats de Tony Accurso lorsqu'il y a des millions en cause».

La RBQ indique qu'elle compte une direction des affaires juridiques avec des avocats, mais que M. Généreux est «le seul» à rédiger les jugements. «Et il est complètement indépendant», assure Marjolaine Veillette, porte-parole de l'organisme. Mme Roy déplore que le régisseur n'ait pas encore rendu de décision au sujet de Constructions Louisbourg et de Simard-Beaudry. En décembre 2010, ces deux entreprises liées à M. Accurso se sont reconnues coupables d'une fraude de 4,13 millions contre Revenu Canada.

L'adéquiste dénonce aussi une récente décision controversée de M. Généreux. La firme Terramex a reçu une suspension de licence de sept journées pour avoir commis une fraude d'environ 280 000$. La ministre du Travail, Lise Thériault, s'est elle-même dite «surprise» de ce jugement clément.

Mais la ministre défend la compétence de M. Généreux. Elle avance que des personnes sans formation juridique sont souvent nommées à des tribunaux administratifs et à des commissions.

Son prédécesseur, David Whissell, ne regrette pas son choix. «Quand on fait une nomination, on choisit une personne qu'on connaît, en qui on a confiance. C'est le cas de M. Généreux.»

«Le message que [Mme Roy] envoie, c'est: ne vous impliquez pas en politique, parce que plus tard, vous serez discrédités et bloqués d'autres postes», lance-t-il.

Autres dirigeants critiqués

Sylvie Roy critique deux autres nominations: Michel Beaudoin, candidat du PLQ défait en 2004 et ex-vice-président de la firme Roche, et Pierre Michel Auger, ex-député adéquiste devenu transfuge libéral, aussi ancien entrepreneur en déneigement et professeur d'hôtellerie. MM. Beaudoin et Auger sont respectivement PDG et vice-président aux opérations de la Régie du bâtiment.

«L'apparence d'indépendance garantit la confiance du public envers les institutions. [...] Trop près comme ça, ça discrédite les institutions», s'inquiète-t-elle.

Mme Roy a affirmé à tort jeudi que ces trois dirigeants rédigeaient ensemble les jugements. «C'est complètement faux», a rectifié la RBQ.

La ministre du Travail, Lise Thériault, a accusé l'adéquiste de se servir de son immunité parlementaire pour dire des «ignomités» (sic). «On salit des réputations. On ne peut pas remettre en cause indûment la crédibilité, l'expérience, l'expertise des gens qui font un travail.»

Mme Roy n'en démord pas. Elle affirme qu'un ancien directeur de la Régie lui a écrit pour dénoncer la perte d'expertise au sein de la Régie du bâtiment et la proximité de ses dirigeants avec le Parti libéral.

L'adéquiste souhaite que les dirigeants des tribunaux administratifs soient nommés à long terme pour assurer leur indépendance. La ministre Thériault a ouvert la porte jeudi à un tel amendement. «Sous peu, il y aura un nouveau projet de loi qui viendra resserrer les règles, annonce-t-elle. Nous allons évidemment en profiter pour voir d'autres volets, et la gouvernance [en] fait partie.»