Il fallait s'y attendre: même en plein coeur de Saint-Germain-des-Prés, où il inaugurait mardi matin la Place du Québec fraîchement rénovée, le premier ministre Jean Charest n'a pu éviter à Paris les questions sur l'industrie de la construction.

À l'issue de la cérémonie, qui s'est déroulée en présence du maire Bertrand Delanoë, M. Charest a d'abord minimisé la portée de la démission de son principal rédacteur de discours, Patrice Servant. Celui-ci a quitté ses fonctions en affirmant qu'il ne pouvait plus relayer la position du gouvernement sur une commission d'enquête publique.

Sensiblement agacé, le premier ministre a expédié l'affaire en quelques mots.

«Attention là, M. Servant est à contrat pour nous et avait déjà laissé entendre qu'il voulait faire une pause. Il faut faire attention avec ces choses-là», a tranché M. Charest, avant de rappeler que «dans un gouvernement, il n'y a personne qui est à 100 pour cent d'accord avec les décisions» qui sont prises.

Le premier ministre a aussi été appelé à commenter les déclarations du commissaire de l'Unité permanente anticorruption (UPAC), Robert Lafrenière, qui vient de s'opposer à la tenue d'une enquête publique qui pourrait, selon lui, affecter les enquêtes en cours.

Ces déclarations semblent conforter Jean Charest dans ses positions. Il s'en défend, pourtant.

«Je ne cherche pas à être conforté ou pas par M. Lafrenière, a déclaré le premier ministre. (...) Il décrit l'état des lieux, il dit tout haut ce qui est déjà connu, c'est-à-dire qu'une enquête publique ou une enquête parallèle a un impact sur les enquêtes de police.»

«Je ne demande pas à M. Lafrenière de dire ou de pas dire ce qu'on veut entendre, a assuré aussi le premier ministre. Je n'ai rien demandé à M. Lafrenière. M. Lafrenière fait son travail, il fait sa «job'. Personne ne peut s'étonner qu'il s'exprime. C'est dans son mandat de le faire deux fois par année.»

Pour M. Charest, les déclarations du commissaire de l'UPAC montrent tout de même que «tout n'est pas noir et blanc» et que la tenue d'une enquête publique n'est «pas aussi simple que certaines personnes l'ont prétendu».

Le premier ministre a répété que la volonté de son gouvernement a toujours été de «faire en sorte qu'il y ait des accusations de portées au criminel».

«C'est pour ça qu'on favorise les enquêtes de police», a-t-il répété.

Quant à savoir si la tenue d'une enquête publique demeurait une option, Jean Charest s'est engagé à faire «ce qu'il y a de mieux pour la société québécoise».