Le commissaire au lobbyisme s'intéresse au cas de Rémi Bujold, un libéral devenu lobbyiste qui a obtenu des contrats de gré à gré du ministère des Transports (MTQ).



L'histoire a été déterrée par la leader parlementaire de l'ADQ, Sylvie Roy. Ses allégations ont courroucé les libéraux. «Tu devrais t'informer avant de parler... Grosse crisse», a répondu Norman MacMillan. Ses propos ont été captés par le micro de son voisin, le ministre des Transports Pierre Moreau. Ils ont été signalés à La Presse et à Mme Roy elle-même par un internaute qui se disait indigné.

Le commissaire au lobbyisme dit ne pas être en mesure de se prononcer sur le cas de M. Bujold. «Nous devons examiner certaines informations avant de voir s'il y a lieu de faire une enquête», a affirmé sa porte-parole Louise-Andrée Moisan.

Le MTQ a accordé trois contrats sans appel d'offres à cet ex-député libéral fédéral et chef de cabinet de Robert Bourassa. M. Bujold a aussi versé environ 20 000$ à la caisse du Parti libéral du Québec dans les 10 dernières années. Il a été engagé par ce ministère à titre de conseiller spécial pour négocier avec les Mohawks dans le dossier de l'autoroute 30.

Ce qui tracasse surtout l'ADQ, c'est que M. Bujold est aussi le cofondateur de Ryan Affaires publiques. Il a été lobbyiste pour cette firme auprès de différents ministères. D'autres lobbyistes de Ryan ont obtenu des contrats du MTQ, mais dans d'autres dossiers.

«On ne peut pas être lobbyiste et obtenir des contrats (du gouvernement). On ne peut pas manger à deux râteliers», dénonce Mme Roy.

M. Bujold est engagé comme conseiller spécial au MTQ depuis 2007. Cette année-là, il avait reçu quatre contrats pour agir comme conseiller dans des dossiers liés aux autochtones. La facture totale s'élevait à près de 90 000$.

La firme Ryan a fait du lobbyisme durant cette période. Le commissaire au lobbyisme veut donc vraisemblablement vérifier si certains des mandats confiés à Ryan Affaires publiques auraient pu entrer en conflit d'intérêts avec le rôle de conseiller joué par M. Bujold.

Un des trois contrats de conseiller accordé à M. Bujold pour l'autoroute était d'une somme initiale de 175 000$. Avec les prolongements, il doit passer à 525 000$. «Le problème, c'est que ça se fait de façon habituelle au ministère des Transports, ce sont des contrats habituels avec 300% d'extras», a lancé Mme Roy.

«Dans un contrat semblable à celui-là, parler d'extras, c'est faire une espèce de salade de fruits ou de sauce aux tomates», a lancé M. Moreau. Il explique que M. Bujold est payé uniquement pour les heures travaillées. Son salaire s'élèverait à 1250$ par jour.

Selon le ministre, l'opposition «ostracise» les politiciens qui changent de métier. Il rappelle que le gouvernement a souvent recours à d'anciens élus de différentes couleurs politiques, comme Lucien Bouchard ou Pierre Marc Johnson.

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COLLABORATION ANTICOLLUSION

À la suite d'une rencontre, jeudi, le patron de l'Unité anticollusion, Jacques Duchesneau, et le directeur général des élections ont décidé de mettre sur pied «un mécanisme de collaboration et d'échange d'informations». Les représentants du DGE n'ont toutefois pas encore de données qui leur permettraient de lancer immédiatement des vérifications ou des enquêtes dans des dossiers précis, a indiqué en début de soirée le porte-parole du DGE, Denis Dion. Selon lui, la rencontre a surtout servi à jeter les bases d'une collaboration. Le DGE, Jacques Drouin, avait sollicité une rencontre avec M. Duchesneau. Il s'était dit «ébranlé» et «consterné» par les révélations contenues dans le rapport de l'UAC sur le financement occulte des partis politiques.

- Tommy Chouinard