Les syndicats accueillent avec colère et appréhension la nouvelle vague de compressions annoncée par Québec. Bien que le Conseil du Trésor assure que les services aux citoyens ne seront pas touchés, le scepticisme règne.

«J'ai un fort doute que les services ne seront pas touchés étant donné que nous constatons déjà les effets de la première vague de coupes dans plusieurs commissions scolaires et collèges, déplore le président de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), Réjean Parent. Cela nous fait craindre le pire pour la suite des choses, car les compressions risquent de compromettre les services aux élèves et à la population. C'est injustifiable et inacceptable.»

La Presse a rapporté samedi que le Conseil du Trésor demandera des compressions totalisant 800 millionsde dollars à ses différents ministères pour atteindre l'équilibre budgétaire. Plus de la moitié de ces efforts devront être réalisés par les ministères de la Santé (environ 300 millions) et de l'Éducation (environ 200 millions). Au ministère de l'Éducation, les commissions scolaires et les cégeps seront visés. Ces nouvelles compressions seraient en partie dues aux débordements des coûts en transport, à ceux liés aux inondations en Montérégie, ainsi qu'aux revenus des exportations qui ont été plus bas que prévu.

Réunis d'urgence vendredi avec les présidents de leurs conseils d'administration, les directeurs des 48 cégeps du Québec ont voté à l'unanimité une résolution condamnant ces nouvelles ponctions dans leurs budgets et promettent des actions publiques de dénonciation.

Ce week-end, plusieurs syndicats ont dénoncé l'acharnement gouvernemental à vouloir à tout prix atteindre l'équilibre budgétaire pour 2013-2014. Lors d'un point de presse dimanche, le président de la CSN, Louis Roy, a affirmé que le premier ministre Jean Charest devrait plutôt chercher à faire la lumière sur les dépassements de coûts engendrés par la collusion et la corruption dans les projets d'infrastructure publics.

«On fait des coupes dans les services de l'État pour nous dire qu'on épargne, mais finalement, on paie plus cher, un peu plus tard pour obtenir encore moins de services, moins de qualité et, surtout, ce qu'on a appris cette semaine, engraisser des systèmes mafieux et, malheureusement aussi, des partis politiques. C'est carrément inadmissible, indécent dans une société démocratique comme la nôtre et ce n'est pas en sabrant 800 millions supplémentaires que l'on va régler les problèmes», a déclaré M. Roy. Jean Charest «est plus empressé de réduire les budgets des missions centrales qui lui incombent que de rétablir une situation qui épargnerait un gaspillage des fonds publics», a-t-il ajouté.

Pour la présidente de la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ), Régine Laurent, il ne fait pas de doute que la hache sera mise dans les services publics.

«Annoncer ça maintenant, au moment où on dit que l'argent fuit au ministère des Transports, je trouve que c'est ajouter l'insulte à l'injure! s'est-elle exclamée. La population n'a pas à faire les frais de la mauvaise gestion du gouvernement.» Si les compressions budgétaires prévues ne touchent que l'administration, «le ministère de la Santé sera complètement paralysé», fait-elle valoir.