En conférence de presse, mardi, le député de Drummond, Yves-François Blanchet, s'est dit préoccupé par le fait que 51% des allophones qui délaissent leur langue maternelle choisissent le français, alors que 49% optent pour l'anglais. C'est l'une des statistiques qui se trouvent dans les cinq études rendues publiques vendredi dernier par l'Office québécois de la langue française. Le premier ministre Jean Charest, lui, estime que cette donnée est plutôt une bonne nouvelle, dans la mesure où la proportion était de 39% en 1996.

M. Blanchet reconnaît cette progression, mais il la juge faible. Se réjouir de cette statistique, «c'est accepter le fait que Montréal soit une ville bilingue», a déploré le porte-parole du Parti québécois sur les questions linguistiques.

Selon lui, les mesures de francisation actuelles sont «inopérantes». À moins d'investir davantage, le gouvernement Charest doit revoir à la baisse le nombre d'immigrants qu'il entend accueillir chaque année de 2012 à 2015. «C'est clair qu'à l'heure actuelle, à la lumière de l'échec des mesures existantes, le chiffre de 50 000 apparaît trop élevé», a-t-il dit.

«Lancer des chiffres en l'air»

Cette cible se trouve dans le plan d'immigration actuellement à l'étude à l'Assemblée nationale. Le gouvernement l'a diminuée, puisqu'elle était de 55 000 pour les années 2008 à 2011. Notons que, dans les faits, le Québec a accueilli 54 000 immigrants en 2010.

M. Blanchet n'a pas voulu dire quelle cible serait réaliste au motif qu'«on n'est pas capable d'avoir un état des lieux clair» sur la façon dont sont utilisées les ressources en matière de francisation et sur les raisons pour lesquelles ces ressources sont insuffisantes. «Il y a un équilibre à établir entre l'existence de mesures efficaces de francisation des immigrants et le nombre que l'on veut accueillir, a-t-il souligné. Si l'on veut en accueillir davantage, assurons-nous de façon vérifiable et quantifiable qu'il y a intégration harmonieuse. À défaut d'être capable d'établir qu'il y a intégration harmonieuse, réduisons le nombre.»

M. Blanchet reproche au gouvernement, mais aussi à François Legault - dont la coalition propose de ramener la cible à 45 000 pendant deux ans - de «lancer des chiffres en l'air» sans connaître l'état des lieux en matière de francisation.

Cours de français

Le PQ propose notamment de rendre obligatoires les cours de français pour les immigrés qui n'en ont pas une connaissance «fonctionnelle». En 2007, le Parti québécois avait présenté un projet de loi visant à priver les immigrés de l'éventuelle citoyenneté québécoise et à leur interdire de se porter candidats aux élections s'ils n'ont pas appris le français au bout de trois ans. Le PQ remet l'idée en question. «Les réflexions, compte tenu de l'importance de l'enjeu, vont se continuer. Mais la citoyenneté ne sera pas conditionnelle. Ce qu'on devra faire, c'est développer, réfléchir à des mesures qui vont, comment dire, quasiment ne pas donner le choix» d'apprendre le français, a affirmé M. Blanchet. Selon lui, «en canalisant les gens vers l'obligation de maîtriser le français pour être fonctionnel dans notre société, on fait un geste qui est à la fois responsable et légitime».

Le PQ préconise également l'application de la loi 101 dans les cégeps et les entreprises de 11 à 49 employés.

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États généraux : l'incertitude perdure

Le Parti québécois confirme que la tenue des états généraux sur la souveraineté est incertaine. «C'est possible qu'il n'y en ait pas, c'est possible qu'il y en ait. La réflexion a cours. On souhaite qu'il y en ait, ce que l'on ne peut garantir parce que nous sommes un participant parmi d'autres», a affirmé Yves-François Blanchet. Le député péquiste siège au conseil d'administration du Conseil de la souveraineté. Le président Gérald Larose a déclaré à La Presse qu'il y a seulement une chance sur deux que les états généraux aient lieu, parce que plusieurs groupes souverainistes posent des conditions. Après une rencontre vendredi dernier où aucune décision n'a été prise, le conseil d'administration se réunira de nouveau le 28 septembre.