Le nouveau ministre des Transports, Pierre Moreau, promet de s'attaquer aux camionneurs «délinquants» sur la route. Selon lui, trop de véhicules surdimensionnés circulent sans les permis appropriés.

Le ministre a confirmé lundi que le MTQ devra reconstruire en mars un pont d'étagement à Sainte-Julie fréquemment heurté par des véhicules trop élevés, comme l'a révélé La Presse la semaine dernière. Une collision survenue en juillet a même forcé la fermeture d'une partie de la structure, l'une de ses poutres ayant été fragilisée. Puis jeudi dernier, un autre véhicule a heurté le dessous du même pont d'étagement, faisant tomber un bloc de béton gros comme huit briques. Pour éviter de nouveaux incidents, une nouvelle structure enjambant l'autoroute 20 doit être érigée au printemps avec un dégagement de 5,2 mètres.

Mais voilà, près de 200 ponts d'étagement au Québec ont un dégagement d'à peine 4,3 mètres, soit l'ancienne norme de construction en vigueur durant les années 60. Comme il est impossible de tous les reconstruire, Pierre Moreau compte s'attaquer aux camionneurs qui négligent de demander un permis, pourtant obligatoire, quand la taille de leur véhicule dépasse les normes établies. Ces permis permettent au MTQ d'analyser le parcours que doivent emprunter ces véhicules et ainsi leur interdire l'utilisation de certaines routes.

«Il y a des gens qui n'ont pas les permis requis et qui sont délinquants en matière de hauteur de charge. Celui qui aurait frappé [le pont de Sainte-Julie] dans la nuit du 7 au 8 septembre ne s'est pas arrêté, on ne l'a pas retrouvé. C'est ce genre de chose qu'il faut voir», a souligné le ministre Moreau en point de presse lundi. Le ministre n'a pas précisé comment il comptait mettre les camionneurs au pas.

Il reste que les incidents répétés à Sainte-Julie laissent le MTQ perplexe. À 5 km à peine de là, une structure enjambant l'A20 à Saint-Mathieu-de-Beloeil offre elle aussi un dégagement de 4,3 mètres et aucun incident n'y a été recensé. «Ce qu'on m'explique, c'est que la marge de dégagement est tellement faible que le simple freinage d'un camion élevé ou l'accélération de celui-ci pourrait soulever son chargement et provoquer un impact», poursuit M. Moreau.

Au moins un autre pont d'étagement dans la région poserait problème, celui du boulevard Laframboise, à Saint-Hyacinthe. Des camions hauts ont également heurté cette structure faite d'acier.

Rapidité à l'essai

Par ailleurs, le MTQ compte expérimenter une nouvelle technique pour la reconstruction du pont d'étagement de Sainte-Julie afin de réduire la durée des chantiers au Québec. Comme il s'agit du principal lien dans cette municipalité séparée en deux par l'A20, les travaux se dérouleront sur 14 semaines, plutôt que les 23 habituellement nécessaires à un tel ouvrage.

Pour y arriver, les travaux devront avoir lieu 18 heures par jour et 6 jours par semaine. «On met à l'essai cette façon de fonctionner. On verra avec cette expérience, à dimension réduite, si on peut faire mieux en délais de réalisation», a indiqué le ministre Moreau. Il reste maintenant à savoir si cette technique aura une incidence sur le coût du projet. «On est en soumission, alors les prix ne sont pas sortis. On verra s'il y a un impact, mais à toute chose, il y a un prix à payer», a indiqué le ministre.

En attendant, le ministre a tenu à rassurer les résidants de Sainte-Julie sur la sécurité du pont d'étagement actuel. «La structure est sous surveillance, mais est sécuritaire», a-t-il indiqué. Il a aussi promis de rendre publics les rapports d'inspection sur la structure. Lundi, il a toutefois été impossible de les obtenir.