La tenue d'états généraux sur la souveraineté, comme l'a proposé Pauline Marois, crée des frictions parmi les troupes.

«Les gens sont divisés. Il y a des questionnements», a dit à La Presse le président du PQ pour la région de Laval, Michel Leduc. Cet ancien député chapeaute cinq associations de circonscription.

«Il y en a qui sont pour des états généraux avant les élections, d'autres qui voudraient qu'on les tienne après les élections, et d'autres encore qui sont contre de toute façon», a-t-il précisé.

Il fait partie des sceptiques: «Je n'y crois pas tellement dans la situation actuelle. Je croirais aux états généraux dans une situation plus propice. Peut-être après les élections, et je dis bien: peut-être.»

L'opération est risquée, selon lui. «Je pourrais y voir un avantage si ça peut unir les forces autour d'une action, d'une stratégie, d'un objectif. Mais ça peut aussi donner lieu à une série de mésententes. Si chacun part de son côté et dit que c'est la faute de l'autre, on n'est pas plus avancé. Autrement dit, il ne faudrait pas que ça tourne en nid de chicanes.»

Débats au sein des souverainistes

Michel Leduc souligne que, avant même d'avoir commencé, les états généraux soulèvent déjà bien des débats dans la famille souverainiste: lundi, le Nouveau Mouvement pour le Québec a posé cinq conditions à leur tenue. «Et quelles sont les conditions posées par Québec solidaire? On ne sait pas...», a ajouté M. Leduc, laissant entendre que les débats sont loin d'être terminés.

La proposition de Mme Marois ne passe pas non plus comme une lettre à la poste dans les 18 associations de circonscription de la Montérégie. «J'ai été un peu surpris que cette idée sorte comme ça, un peu de nulle part», a affirmé le président régional, Stéphane Jolicoeur. Parmi les 18 associations qu'il chapeaute, les avis sont «partagés» quant à la pertinence de lancer des états généraux.

Selon lui, l'exercice n'est pas nécessairement une mauvaise chose, mais il constate qu'il n'y a pas de grand élan pour des états généraux: «Des gens disent qu'il ne faut pas se tourner uniquement vers nous-mêmes, mais se tourner vers la population pour vendre le projet. On peut en parler entre nous, c'est bien, mais ce n'est pas comme ça qu'on va vendre l'option non plus auprès de la population.»

Soulignons que MM. Leduc et Jolicoeur se définissent comme des «pro-Marois».

Les échanges promettent donc d'être animés à la rencontre des présidents d'association, qui aura lieu à huis clos, samedi, à Montréal, à la demande de Pauline Marois. «Normalement, on aurait fait une conférence téléphonique, mais compte tenu de la dernière expérience, on a convenu de rassembler tout le monde», a expliqué le porte-parole du parti, Manuel Dionne.

Faire le point

En juin, après le départ fracassant de quatre députés, Mme Marois avait tenu deux conférences téléphoniques avec les présidents. L'enregistrement de ces échanges parfois houleux était parvenu à La Presse, ce qui avait créé une commotion dans l'entourage de la chef.

Selon Manuel Dionne, Mme Marois veut faire le point avec ses troupes avant la reprise de la session parlementaire, le 20 septembre. Elle entend également préparer le conseil national des 1er et 2 octobre à Drummondville.

Demain, le conseil d'administration du Conseil de la souveraineté du Québec (CSQ) se réunira pour définir les paramètres des états généraux. Rappelons que Mme Marois avait demandé au président du CSQ, Gérald Larose, de les organiser - mais pas nécessairement de les présider. Le PQ, le Bloc québécois et Québec solidaire ont chacun un représentant au conseil d'administration. Paul Piché et Luck Mervil en sont également membres.

En marge d'un caucus du PQ, la semaine dernière, des députés avaient exprimé de sérieuses réserves à l'égard d'éventuels états généraux. Ils craignent que cette rencontre entre souverainistes ne monopolise l'attention et ne donne l'impression que le PQ se détourne de préoccupations plus urgentes aux yeux des Québécois. Pauline Marois a fait savoir qu'il n'est pas question de remettre en cause sa stratégie référendaire, mais c'est précisément ce que réclament les groupes qui veulent des états généraux.

Avec la collaboration de Denis Lessard