La chef du Parti québécois, Pauline Marois, ne craint pas de voir la tenue d'états généraux sur la souveraineté miner davantage son leadership. Et ce même si elle compte laisser carte blanche au Conseil de la souveraineté pour débattre de l'indépendance du Québec.

«Le débat est toujours sain dans une société. J'ai souhaité que là où se retrouvent les mouvements souverainistes, la société civile, les partis politiques qui font la promotion de la souveraineté - qui est le Conseil de la souveraineté - soit le meilleur endroit pour mener le débat. Je ne me sens pas menacée dans mon leadership. Au contraire, je ne l'aurais pas souhaité si ç'a avait été le cas», a indiqué la chef du Parti québécois en conférence de presse, lundi.

Même si elle a demandé à Gérald Larose de tenir des états généraux et que sa formation a un siège au Conseil, Pauline Marois assure vouloir lui laisser toute la latitude pour organiser l'événement. «Je n'ai pas à fixer l'agenda, c'est au Conseil de le faire.»

Plusieurs souverainistes ont salué l'initiative de la chef péquiste, dont la députée démissionnaire du PQ Louise Beaudoin, qui réclamait la tenue d'états généraux depuis quelques semaines. «Je crois que c'est la chose à faire si on veut rassembler le mouvement souverainiste, trouver notre point de convergence. Ça semble aller dans le bon sens», a-t-elle affirmé à La Presse de Bordeaux, en France.

Mais ce n'est pas suffisant pour la ramener au bercail. «Je vais attendre le caucus des députés [NDLR demain et jeudi] pour voir comment les propositions de Bernard Drainville seront reçues», a-t-elle dit. Elle tient en particulier au référendum d'initiative populaire et à la réforme du mode de scrutin, 2 des 10 changements proposés par le député de Marie-Victorin. Mais accepterait-elle de revenir au PQ s'il est toujours dirigé par Pauline Marois? «Je ne le sais pas», s'est-elle contentée de répondre.

L'instigateur du Nouveau Mouvement pour le Québec, Jocelyn Desjardins, «accueille favorablement l'ouverture du Parti québécois quant à la tenue d'états généraux». Mais il déplore que Pauline Marois en ait confié l'organisation à Gérald Larose,  président du Conseil de la souveraineté. «M. Larose est un des architectes stratégiques de la gouvernance souverainiste. Elle essaie de contrôler le débat en choisissant quelqu'un qui est l'initiateur d'une stratégie que nous dénonçons», a-t-il affirmé.

Lors des élections fédérales, Gérald Larose avait fait dérailler la campagne du Bloc québécois en tentant de lui prêter main-forte. Il avait qualifié Jack Layton d'«imposteur» et de «crapule». Il s'était excusé par la suite.

La présidente de Québec solidaire, Françoise David, voit d'un bon oeil «l'idée d'un dialogue» entre les différents groupes souverainistes. Elle attend toutefois de voir quels seront les objectifs et les paramètres des états généraux qui seront définis par le conseil d'administration du Conseil de la souveraineté lors de la réunion du 9 septembre. Comme le PQ et le Bloc québécois, Québec solidaire a un représentant au conseil d'administration. Le parti doit définir sa position dans les prochains jours.

Mario Beaulieu, de la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal, prévient que les états généraux ne doivent pas «devenir une liste d'épicerie où tout le monde dit ce qu'il voudrait qu'il y ait dans un Québec souverain». Selon lui, l'exercice devrait porter, entre autres, sur les moyens de faire la promotion de l'indépendance.