Inquiets de ce qu'ils appellent la «crise du réseau routier», plusieurs groupes demandent aux gouvernements d'investir massivement de nouvelles sommes dans les transports en commun, sans quoi ils appréhendent un «chaos et une congestion sans précédent», voir une «paralysie générale» de l'économie québécoise dans les années à venir.

«D'ici 2015, si rien n'est fait pour rétablir la situation, le sud du Québec sera aux prises avec une tempête parfaite: englués dans une série d'immenses travaux de réfection, des millions de Québécois se heurteront à une congestion et à un chaos sans précédent, alors même que les transports collectifs, déjà surchargés et de plus en plus vétustes, présenteront des signes clairs de défaillance», prévient la nouvelle Alliance pour le financement des systèmes de transports collectifs du Québec, dans un document de 26 pages publié mercredi.

La coalition d'une trentaine de groupes, dont la Faculté d'aménagement de l'Université de Montréal, Vélo Québec, Vivre en Ville, Greenpeace et la Fondation David Suzuki, craint que les systèmes de transport en commun ne soient pas en mesure de contre-balancer l'effet des chantiers comme ceux de l'échangeur Turcot, du pont Champlain ou de l'autoroute Ville-Marie.

«Les signes avant-coureurs d'une paralysie générale d'une grande partie de la vitalité économique du Québec sont là», prévient le regroupement, qui s'est adressé aux médias par la voix de Florence Junca-Adenot, professeure au département d'études urbaines de l'UQAM et ancienne présidente de l'Agence métropolitaine de transport.

Mme Junca-Adenot estime que les transports sont en crise au Québec, mais que l'occasion est bonne pour rétablir le cap.

«Le contexte de crise actuelle est une excellente occasion de faire de bons choix de transports, d'urbanisme et d'aménagement. C'est quand on frappe une crise qu'on se réveille et qu'on trouve des solutions», a-t-elle déclaré.

Premier choix qui s'impose, selon la coalition: que Québec mette de côté des projets de développement routier pour mettre l'argent dans l'entretien du réseau de transport en commun vieillissant.

«Il pourrait arriver aux transports collectifs la même chose qu'au tunnel Ville-Marie. Imaginez une poutre qui tomberait dans le tunnel de la ligne orange du métro. Actuellement, nous agissons comme une assemblée de copropriétaires qui met ses ressources pour construire une piscine plutôt que pour réparer le toit qui coule», a déploré Christian Savard, directeur général de Vivre en Ville.

«Intolérable», dit Marois

Un peu plus tôt, le Parti québécois avait fait sa propre sortie publique pour réclamer des investissements dans les transports.

«La situation des transports à Montréal est devenue intolérable pour la population», a lancé Pauline Marois au cours d'un point de presse.

Le député péquiste Nicolas Girard, critique du parti en matière de transports, a réclamé du gouvernement libéral l'octroi de crédits d'impôt sur les laissez-passer de transport en commun, l'ajout de trains de banlieue et de places de stationnement incitatifs, l'augmentation du nombre de voies réservées aux autobus et, d'ici 10 ans, le prolongement des lignes bleue, jaune et orange du métro de Montréal.

«Il est temps d'agir, on a pris du retard», a affirmé le député, selon qui «au rythme où vont les choses, on n'aura aucune nouvelle station de métro d'ici 10 ans».

Selon le réseau TVA, Québec doit annoncer jeudi un investissement de 100 millions de dollars pour atténuer les impacts de la congestion automobile dans la région métropolitaine. Paulien Marois estime que les mesures proposées par son parti nécessitent encore plus d'argent.

La chef du PQ a par ailleurs proposé l'envoi à Ottawa d'une «large délégation de la grande région métropolitaine allant au-delà des lignes partisanes», incluant le PQ et les libéraux, pour convaincre le gouvernement fédéral d'investir dans un nouveau pont Champlain.