Devant quelque 400 souverainistes réunis pour la première assemblée du Nouveau Mouvement pour le Québec, l'instigateur du groupe, Jocelyn Desjardins, a lancé «un appel à l'unité» de toutes les formations souverainistes. Il a pressé le Parti québécois, Québec Solidaire et le Parti indépendantiste de s'unir et de conclure des «ententes stratégiques» à temps pour les prochaines élections générales.

Les interventions sont allées dans tous les sens au cours de l'assemblée, mais l'idée de tenir des états généraux sur l'indépendance fait son chemin.

Les députés démissionnaires du PQ, Pierre Curzi, Lisette Lapointe et Jean-Martin Aussant ont été accueillis sous des applaudissements nourris à leur entrée dans la salle bondée du cégep de Saint-Laurent, à Montréal.

Au micro, Pierre Curzi y est allé d'une sortie enflammée. «On est en train comme citoyen de reprendre la parole s'est-il exclamé.

«Il faut continuer ce mouvement-là. Il faut faire des assemblées constituantes partout pour que tous les Québécois, au-delà des partis, des différences, de la gauche et de la droite, se mettent à parler, à écrire, à dire très exactement ce qu'ils sont maintenant et ce qu'ils veulent devenir demain», a-t-il ajouté. Il a promis d'organiser lui-même des assemblées en Montérégie; il y en aura une fin septembre. Il a conclu en reprenant une expression que le gouvernement Harper vient de réhabiliter au sein de l'armée canadienne. «Si nous suivons cette démarche parfaitement démocratique, ouverte, libre, c'est la voie royale vers l'indépendance, a-t-il lancé, provoquant un tonnerre d'applaudissements.

Jocelyn Desjardins s'est réjoui de cette mobilisation qui surpasse ses attentes. «C'est vous, plus que n'importe qui dans sa tour d'ivoire, qui êtes capable de redonner au mouvement indépendantiste son assise dans le réel, le plausible et le prochainement», a-t-il affirmé aux participants. Il dit avoir perdu son emploi vendredi en raison de ses «idées et opinions». Ce père de cinq enfants était directeur des communications du Conseil québécois du commerce de détail. Lisette Lapointe s'est dite «scandalisée».

Malgré les multiples avis exprimés, Jocelyn Desjardins dit dégager une «constante»: la volonté d'organiser des assemblées constituantes sur l'indépendance. Selon lui, il faut que les partis souverainistes «s'unissent le plus rapidement possible», «s'élèvent au-dessus de leurs divergences», et concluent «des ententes stratégiques peu importe la forme qu'elles prendront». Il faut barrer la route à «l'éteigneur de rêve» qu'est François Legault, a-t-il ajouté, rappelant les rumeurs d'élections automnales.

Reste que l'assemblée a tourné à l'occasion en séance de défoulement contre le PQ. Le NMQ avait donné le ton dans son manifeste, qui accuse le PQ d'être «usé» et «confus dans ses interventions». Un participant a affirmé que la «vieille garde doit quitter le PQ» et qu'«il faut reprendre le contrôle du parti». Un autre a lancé: «Il faut inhumer la dépouille en putréfaction, collecter les assurances, et repartir ça sous un autre nom!»

Jean-Louis Perrez a été l'un des rares - sinon le seul - à prendre la défense de la gouvernance souverainiste de Pauline Marois. Il a été hué. De nombreuses personnes ont plutôt condamné l'approche «étapiste» de Mme Marois.

Des militants actifs du PQ étaient présents, mais aucun député. «Ils auraient été les bienvenus», a assuré Jocelyn Desjardins. «Il ne tient qu'au Parti québécois de faire partie de la solution.»

Pierre Curzi et Lisette Lapointe jugent «intéressante» l'idée, avancée par quelques participants, de tenir des états généraux sur l'indépendance. Louise Beaudoin, une démissionnaire du PQ qui n'était pas à l'assemblée, en parle depuis quelques semaines. Jocelyn Desjardins s'est montré ouvert à cette option.

Pour Pierre Dubuc du SPQ-libre, un club politique qui a été exclu du PQ, les états généraux sont «la seule façon de réduire la division qui existe aujourd'hui entre différents regroupements».

Quelques participants ont proposé une élection référendaire, une idée qui plaît à Jean-Martin Aussant. C'était le cheval de bataille de l'ex-député de l'Assomption, Jean-Claude St-André, en conflit avec le PQ depuis son éviction comme candidat en 2008. Il assistait à l'assemblée du NMQ dimanche.

Des représentants de Québec Solidaire et du Parti indépendantiste ont participé à l'événement. Au moins deux membres du Réseau de Résistance du Québécois sont allés au micro. L'ex-felquiste Pierre Schneider, un ancien du RIN, a lancé un appel, «pacifique», à la «subversion» pour «renverser l'ordre établi». Un autre ancien membre du FLQ, Rhéal Mathieu, assistait à l'assemblée et a fait savoir qu'il ne travaille pas pour le NMQ. L'événement a attiré des militants de la première heure, mais aussi des jeunes.

Lisette Lapointe, qui n'était pas accompagnée de son mari Jacques Parizeau, a nié que le NMQ aide les troupes de Jean Charest en divisant les souverainistes. «Les gens vont se regrouper sous un parapluie souverainiste quand ça va être le temps. En ce moment, on n'est pas en élections», a-t-elle dit.

Selon Pierre Curzi, «on est dans une période où ça brasse, c'est un peu chaotique, mais c'est loin d'être une période de querelle».

Deux conférenciers ont pris la parole. François Parenteau, des Zapartistes, a livré un plaidoyer pour une réforme du mode de scrutin. Daniel Breton, de Maîtres chez nous - 21e siècle, a condamné la politique du gouvernement Charest en matière d'environnement et de ressources naturelles.