Les jeunes libéraux ne demandent pas de rouvrir la constitution, mais si le fruit devait finir de mûrir, ils souhaiteraient que la nation québécoise y soit reconnue.

Réunis samedi à l'Université Bishops, quelque 250 membres de la Commission-Jeunesse du Parti libéral du Québec (CJ-PLQ) ont accepté de débattre d'une résolution surprise, présentée le matin même par un militant d'Outremont.

Le premier volet de la résolution indiquait que dans une « éventuelle ronde de négociations constitutionnelles », la nation québécoise devrait être reconnue. Elle a été acceptée.

Le second poussait la doctrine Gérin-Lajoie (https://goo.gl/rJAvz) jusqu'à sa logique finale. Elle demandait la «reconnaissance explicite » du Québec dans les organisations internationales qui relèvent de ses champs de compétence, mais aussi à l'ONU. Elle a été battue.

Cette proposition surprise a été présentée grâce au consentement du 2/3 des militants. Pour le reste, les membres de la CJ-PLQ se sont prononcés samedi sur les propositions cadres - celles qui émanent de l'exécutif (https://goo.gl/gS5Od). Aucune ne portait sur la santé ou l'environnement. Elles traitaient surtout de culture et d'interculturalisme ainsi que d'économie et de constitution.

Un Sénat comme en Allemagne

Les jeunes libéraux veulent que le Sénat devienne une véritable « chambre des provinces et des territoires », sur le modèle de l'Allemagne. Ils exigent que la réforme du Sénat annoncée par le gouvernement Harper  se fasse avec l'accord des provinces. Québec s'oppose à ce que la réforme soit simplement votée par une loi, ce qui permettait aux conservateurs d'éviter d'ouvrir la constitution pour réaliser cette réforme (https://goo.gl/LezTv). L'aile jeunesse refuse toutefois que les sénateurs soient élus. La Chambre des communes reflète déjà le vote des citoyens individuels. Il faut maintenant donner un poids aux provinces dans la Haute chambre, a justifié un militant au micro.

Les jeunes voudraient aussi renforcer le Conseil de la fédération, créé par Jean Charest. Son secrétariat compterait désormais au moins trois membres nommés par les provinces, et ils travailleraient dans un même bureau à Ottawa.

Écouter Bouchard-Taylor

Les jeunes libéraux ont augmenté la pression sur leur premier ministre pour qu'il applique davantage de recommandations du rapport Bouchard-Taylor.

Le gouvernement Charest a déjà présenté le projet de loi 94 sur les accommodements raisonnables (https://goo.gl/hHPNP). Il interdit le voile intégral dans l'administration publique. Le PQ le bloque en commission parlementaire. Charles Taylor a aussi émis des réserves (https://goo.gl/3JJP2), pour des raisons opposées.

L'aile jeunesse veut en outre « clarifier les pratiques d'harmonisation interculturelle » à l'extérieur de la fonction publique.

Les jeunes demandent une loi pour définir la laïcité ouverte et créer un Office québécois d'harmonisation interculturelle. Il s'agit de recommandations du rapport Bouchard-Taylor. Cet office jouerait un rôle similaire à celui de l'Office québécois de la langue française avec la Loi 101.

Les jeunes libéraux souhaitent développer une politique de « régionalisation de l'immigration ». De nouveaux incitatifs les attireraient hors de Montréal.

Autre proposition adoptée : assouplir les critères d'admissibilité aux cours de français pour permettre à plus de nouveaux arrivants de les suivre.

Plus de français à l'école anglaise

Les jeunes libéraux recommandent également l'enseignement intensif du français en 6e année primaire dans les écoles anglophones. Cela doit compléter la mesure inverse, annoncée par le premier ministre Charest dans son discours inaugural en février. L'enseignement intensif de l'anglais chez les francophones en 6e année doit être en place d'ici cinq ans, a-t-il promis (https://goo.gl/GkpV1). Une mesure accueillie avec scepticisme par le milieu de l'éducation (https://goo.gl/XzNHT).

L'aile jeunesse voudrait que les coproductions ou cocréations artistiques du Québec avec les autres provinces canadiennes soient éligibles au nouveau Fonds Capital Culture, doté de 100 millions $. Une enveloppe spéciale de ce fonds serait consacrée à ces collaborations.

Les militants ont seulement refusé deux propositions. La première visait à pénaliser les créateurs qui n'utilisent pas le numérique. Toutes les subventions à des oeuvres sans volet numérique auraient été amputées de 10%. Les « formes d'art ne s'y prêtant pas » étaient exclues de cette mesure. On ne précisait pas comment se ferait cette catégorisation.

L'autre proposition battue voulait permettre à un entrepreneur de ne pas payer d'impôt en encaissant un montant d'un RÉER, à condition que cette somme serve au démarrage de sa première entreprise et qu'elle soit éventuellement remboursée.

Contre les salons de bronzage

Les propositions régionales, qui ne proviennent pas de l'exécutif, seront soumises au vote dimanche matin. Elles traitent de plusieurs sujets. Par exemple, on propose de confier les enquêtes sur les policiers à un organisme indépendant. C'est ce qu'a déjà proposé la Protectrice du citoyen (https://goo.gl/AFF3e). Il est aussi suggéré d'interdire les salons de bronzage aux mineurs.

M. Charest prononcera l'allocution de fermeture du congrès dimanche matin.