Le gouvernement Charest a reçu sans grand enthousiasme la proposition de son aile jeunesse au sujet de la laïcité.

La Commission-Jeunesse du Parti libéral du Québec (CJ-PLQ) suggère de donner suite à une recommandation du rapport Bouchard-Taylor et d'adopter une loi sur l'interculturalisme. Cette loi définirait la «laïcité ouverte» et créerait l'Office d'harmonisation interculturelle. Les membres de la CJ-PLQ doivent en débattre à leur congrès annuel, qui se déroule ce week-end à Lennoxville.

«En ce début du congrès des jeunes, je ne chercherai pas à infléchir les débats. (Les jeunes) ont une totale liberté, chez nous. Ils auront l'occasion d'en débattre et on aura un congrès des membres (du parti) plus tard en octobre. Ce sera sans doute un beau débat», a dit le premier ministre Charest, vendredi, à Lennoxville, où se rencontraient ses députés.

Il a promis d'«écouter attentivement» l'aile jeunesse et a ajouté qu'un parti politique n'est «pas une chapelle».

«On va voir le débat»

La ministre de l'Immigration et des Communautés culturelles, Kathleen Weil, donnera-t-elle suite à ces suggestions? «On va voir le débat», a-t-elle simplement répondu. Elle a assuré qu'elle se réjouit de l'existence de ces débats, sans parler de leur contenu.

La proposition de l'aile jeunesse ramène à l'ordre du jour le rapport Bouchard-Taylor, produit il y a plus de trois ans. La seule réponse du gouvernement Charest aux 37recommandations qu'il contenait a été le projet de loi 94, qui obligerait les employés de l'administration publique à travailler «à visage découvert». Le voile intégral (burqa et niqab) serait donc interdit. Les accommodements seraient autorisés à condition qu'ils ne nuisent pas à la sécurité, à la communication ou à l'identification. Après 15 mois de travaux, les parlementaires n'en sont encore qu'à l'étude du premier article.

Charles Taylor a critiqué le projet de loi 94 cet été. Il constitue selon lui «une réponse politique» pour «neutraliser» les demandes de l'opposition. Mais le gouvernement «ne s'attaque pas au vrai problème», a-t-il déploré.

La ministre Weil a quant à elle défendu le projet de loi. «Le projet de loi 94 reflète beaucoup les valeurs de la société québécoise, une société ouverte, mais qui dit qu'il y a ce qui est raisonnable et ce qui n'est pas raisonnable. La limite de la raisonnabilité est toute simple sur la question du visage découvert, mais on l'amène sur une base très pratico-pratique: on a besoin de voir pour communiquer, la communication est très importante pour les échanges entre personne. On a aussi besoin de voir (le visage) pour des raisons de sécurité.»

L'aile jeunesse espère attirer à son congrès 700 participants âgés de 16 à 25 ans. Le premier ministre Charest y prononcera l'allocution de fermeture, demain, comme à l'habitude. Benoît Pelletier (ancien ministre du gouvernement Charest) et Lawrence Cannon (ministre conservateur défait aux dernières élections et ancien ministre dans le gouvernement Bourassa) s'adresseront aux jeunes aujourd'hui.