Les jeunes libéraux veulent faire reculer le Québec en adhérant au «multiculturalisme à la canadienne», estime le Parti québécois.

Remis en question et décrié dans les grandes démocraties européennes, le multiculturalisme a trouvé des partisans enthousiastes auprès des jeunes du Parti libéral du Québec, a déploré vendredi la députée Carole Poirier, porte-parole du Parti québécois en matière de laïcité.

Réunis en congrès en fin de semaine à Lennoxville, les jeunes libéraux s'affichent comme des tenants de la «laïcité ouverte» et ne voient pas la nécessité d'interdire le port de signes religieux visibles dans l'administration publique.

Afin de favoriser le «vivre ensemble», ils proposent aussi la création de «l'Office québécois d'harmonisation interculturelle».

Selon la députée d'Hochelaga-Maisonneuve, l'orientation des jeunes libéraux est inquiétante à plus d'un titre pour les valeurs et l'identité québécoise.

«Quand je vois le terme «harmonisation', déjà, ça commence à me faire peur. Qu'est-ce que ça veut dire au juste? Est-ce que c'est moi qui 'm'harmonise» aux autres et non pas les autres qui s'harmonisent à nous?», a lancé Mme Poirier en entrevue à La Presse Canadienne.

Le Parti québécois milite en faveur de la stricte laïcité dans les services publics et s'oppose à la laïcité ouverte, une formule «qui nie le concept même de la laïcité», d'après Mme Poirier.

«Dans le fond, les jeunes du PLQ rejettent la laïcité et veulent nous faire retourner au multiculturalisme. L'Allemagne et la Grande-Bretagne ont conclu que le multiculturalisme leur avait amené des troubles, mais les jeunes libéraux nous font reculer avec une idéologie révolue», a-t-elle argué.

Tout en étant respectueux des croyances de chacun, l'Etat a le devoir de rester neutre, soutient le PQ. La formation souverainiste suggère d'interdire aux fonctionnaires et autres travailleurs des services publics le port de signes religieux ostentatoires.

Le projet de loi 94, dans les limbes depuis le printemps 2010, a une portée beaucoup plus restreinte et se contente d'interdire le port du voile intégral - niqab, burqa - dans les services publics.

La laïcité ouverte dont se réclament les jeunes libéraux n'est rien de plus, aux yeux de la porte-parole péquiste, qu'une manière détournée d'imposer au Québec le multiculturalisme et la suprématie de la Charte canadienne des droits.

Or, la Charte canadienne élève au rang ultime les droits religieux aux dépens de l'égalité des sexes, dénonce la députée.

«C'est du multiculturalisme à la canadienne et cela m'inquiète. C'est un recul pour le Québec. Est-ce qu'on va saper les valeurs québécoises pour donner préséance aux religions? Est-ce que l'égalité des sexes va être reléguée au second plan?», a-t-elle fait valoir.

Alors que l'incertitude perdure sur le sort du projet de loi 94, le Parti québécois continue de tabler sur l'élaboration d'une «Charte de la laïcité» dans laquelle l'égalité homme-femme serait inscrite comme valeur fondamentale.

Aucun accommodement ne doit être consenti s'il contrevient au principe de l'égalité entre les hommes et les femmes, considère la députée.