L'ex-péquiste Benoît Charette refuse pour l'instant de démissionner de son poste de député de Deux-Montagnes, comme le lui a demandé mercredi l'exécutif du Parti québécois de sa circonscription. «Je vais faire le point sur mon avenir avant la rentrée parlementaire (le 20 septembre)», annonce le député indépendant.

M. Charette a été le cinquième député à quitter le caucus du PQ le mois dernier. Ses motivations étaient diamétralement opposées à celles des autres démissionnaires. Il jugeait trop agressive la démarche référendaire de son parti.

Il a déjà envoyé un courriel à quelque 3000 électeurs de sa circonscription pour obtenir leurs réactions. Il prévoit rencontrer un maximum de citoyens cet été. «S'ils s'opposent à ma décision et estiment que je ne les représente plus, je devrai démissionner. Toutefois, ce n'est vraiment pas ce que j'entends à date», tient-il à préciser. Il concède que sa démarche n'est pas scientifique. «Mais 3000 personnes, c'est déjà plus que l'échantillon des sondages pour une circonscription.»

Dans l'éventualité où M. Charette reste en poste, deux options s'offriront à lui d'ici les prochaines élections. Si François Legault fonde un parti politique, se présenter sous cette bannière. Sinon, ne pas se représenter.

Le nouvel indépendant flirte ouvertement avec la Coalition pour l'avenir du Québec (CAQ) de M. Legault, son ami. «J'aime leur idée de travailler sur une autre base que la question nationale», explique-t-il. Les deux doivent se rencontrer cet été.

L'exécutif du PQ de Deux-Montagnes a formellement demandé hier à M. Charette de démissionner et déclencher ainsi des élections partielles. «M. Charette ne défend plus les idées du PQ. Et les citoyens n'ont pas voté pour lui, ils ont voté pour le parti. Regardez aux dernières élections fédérales. (À Rivière-des-Mille-Iles), on a élu (Laurin Liu), une candidate-étudiante du NPD qui n'était pas du tout connue. C'est la bannière qui compte», lance Félix Pinel, conseiller de l'exécutif du PQ de Deux-Montagnes.

M. Pinel n'a pas consulté l'exécutif national du PQ avant d'émettre son communiqué hier matin. «Leur demande n'engage qu'eux-mêmes, mais elle nous semble légitime. C'est normal que les militants se sentent trahis», a réagi Manuel Dionne, attaché de presse au conseil exécutif national.

Un député qui quitte le caucus de son parti peut choisir de siéger comme indépendant. C'est le cas des ex-adéquistes Marc Picard et Éric Caire. Et c'est aussi le cas des quatre autres démissionnaires du PQ (Lisette Lapointe, Pierre Curzi, Louise Beaudoin et Jean-Martin Aussant). Pourtant, leur association de comté ne leur a pas demandé de démissionner. «Même s'ils ont quitté le caucus, ils continuent de défendre activement la souveraineté, soit la raison d'être du PQ. Ce n'est pas le cas de M. Charette», justifie M. Pinel.

Benoît Charette répond que la donne a changé. Il compare sa situation à celle des démissionnaires du Parti progressiste-conservateur à cause de l'échec du Lac Meech. «Certains sont restés députés indépendants jusqu'aux élections suivantes. C'était légitime, car ils représentaient une nouvelle option politique qui n'était pas disponible aux élections précédentes. Et la population a validé leur choix en les réélisant», rappelle-t-il.

Un argument que rejette Félix Pinel. «Il y a déjà un parti qui propose le statu quo (sur la question nationale): le Parti libéral. M. Charette ne représente rien de neuf.»